Au 57 rue de Babylone, se trouve la « Home Pasteur », une pension de familles tenue par des femmes: la mère, Madame Sabelli, qui pendant la seconde guerre mondiale protégea des résistants et des familles juives de la Gestapo et ses deux filles, Frances, surnommée « Cocotte » et Monica.
Dans son roman, Alix de Saint-André revient sur l’histoire de cette pension qu’elle a bien connue à son arrivée à Paris, alors lycéenne dans l’établissement Victor Duruy. C’est dans ce lycée qu’elle fait la rencontre de Pia, la fille de Frances. Une amitié naîtra entre ces deux femmes, qui perdure encore aujourd’hui.
Alix de Saint-André raconte ainsi l’origine du « Home Pasteur », les pensionnaires qui l’ont fréquenté ainsi que la vie de la famille de son amie.
Un récit autobiographique où se succèdent une multitude d’histoires. Un livre qui fourmille de personnages intéressants, loufoques et intrigues car à la pension se côtoient étudiantes américaines, scénariste de Chabrol, professeurs de français, comédien de la Comédie-Française et la famille de Pia: la mère, Frances, véritable cordon-bleu, qui réalise des tartes faites maisons d’une main, tenant sa cigarette dans l’autre et le combi du téléphone entre son épaule et son oreille ; le père, musicien et coureur de jupons ; le fils aîné, Paul, dandy manipulateur qui fera les quatre cents coups et passera même quelques temps en prison ; la cadette, Catherine, jeune femme d’une grande intelligence mais dépressive qui multipliera les tentatives de suicide et enfin, Pia, la petite dernière qui rêve d’une famille « normale ». A cette famille, s’ajoutent les oncles et tantes et les cousins. Tout ce petit monde se retrouve pour partager les repas, moment central. L’auteure, qui elle trouve sa famille trop «normale » est émerveillée par tous ces personnages. Elle aime passer du temps au « Home Pasteur ».
Une écriture qui nous balade dans les années et dans la vie des personnes qui sont passées à la pension et de cette famille à la fois bohème et chic, mais surtout anticonformiste !
Des portraits de personnages attachants, un récit très romanesque et raconté avec beaucoup d’humour.
Arrêtez-vous au 57 rue de Babylone, entrez au Home Pasteur et plongez dans une lecture agréable !
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Pendant ces essayages rituels, aucune pitié n’était à attendre des femmes plus âgées, fussent-elles vos mamies, mamans ou nounous chéries, toutes vous répéteront à chaque mèche arrachée au peigne, chaque épingle ajoutée au col, cette loi sadique autorisant la torture de génération en génération : « Il faut souffrir pour être belle. » Plus c’est désagréable, meilleur sera le résultat. »
« C’est un drôle de sens, le sens de l’humour, pas du tout la chose du monde la mieux partagée… »
« Aucun comique n’est un rigolo ; au contraire, ceux que j’ai rencontrés étaient le plus souvent angoissés, sensibles, très attentifs derrière leurs provocations, en recherche permanente ; Louis de Funès, décharné, gardait dans ses poches les idées qu’il notait avec fièvre toute la journée. Peu sûrs d’eux-mêmes, ils ont grand besoin les uns des autres. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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