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« Archipels » d’Hélène Gaudy aux éditions de l’Olivier

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Une île, pas très loin de la Louisiane, porte le prénom de son père. L’Isle de Jean-Charles.


Ce père discret, artiste rêveur, a la parole mesurée et aimant les objets qu’il entasse dans son atelier parisien.


De cette île qu’elle observe via les photos d’internet, de cet atelier qu’elle arpente et dont elle découvre les objets qui l’occupent, elle décide de découvrir son père.


Elle part des éléments naturels et des objets de l’intime pour nous conter son père.


Bayou, pierre, feu, éclipse et rivage. Cinq mots. Cinq parties pour plonger dans l’enfance, l’adolescence, la jeunesse, la vie d’adulte et la vieillesse.


Les objets portent la mémoire alors elle furète, soupèse, grimpe aux échelles, dépoussière.


Les écrits restent alors elle lit les courriers du cœur, les mots posés dans des carnets intimes, les poèmes de l’enfance, les doutes, les chagrins, l’amitié et l’amour.


Les souvenirs s’effacent des mémoires alors elle pose les questions, insiste, creuse et les faits ressurgir.


Les pères ne sont vus par leurs enfants que comme des êtres nés déjà grands, forts, aux qualités ancrées et aux défauts marqués.


Alors l’auteure plonge dans l’enfance de son père pendant la seconde guerre mondiale auprès de parents résistants, de villages qu’il faut fuir, d’amitié furtive. Elle part dans les écrits de ce jeune adolescent tourmenté, rempli de doutes et de solitude. Elle marche dans ses pas à travers les rues de la capitale. Il est un étudiant libre et engagé, heureux dans cette petite pièce, enfin indépendant. Il est un jeune homme aimant les mots et clamant les slogans. Un artiste inspiré par les surréalistes. Un artiste engagé. Il est ce père aimant, inquiet et taiseux. Il est ce mari désordonné, accumulateur, détestant faire le tri. Il devient ce vieil homme se sachant vieillir, un peu pudique et toujours amoureux de la vie.


Les lieux et les objets aident à poser les mots d’amour. L’intime et la très belle relation père-fille se mêlent dans ces pages écrites avec délicatesse.


Il y a de la beauté, de l’amour et de la sensibilité dans ce récit.


Il y a la géographie et l’histoire d’un père contés par sa fille.


Des mots et un père.


Une belle déclaration d’amour.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Peut-être attendait-il surtout que je mette des mots entre nous. Que je traduise ses silences. »


« Peut-être écrit-on un peu parce qu’on détruit beaucoup, accumule-t-on surtout parce qu’on oublie trop vite, parce qu’on néglige tant de choses. »


« Il me tend un journal où il a entouré un article, comme il l’a toujours fait, à chacune de mes visites – Tiens, ça va t’intéresser-, toujours un endroit où aller, une curiosité à découvrir, toujours à me donner des nouvelles du monde, et moi je disais oui, pour passer à autre chose, sachant très bien que je ne lirais rien, que je n’irais nulle part, c’étaient des nouvelles de lui, c’était sa vie que je voulais, sans voir qu’elle se tenait tout entière dans cet appétit intact, cette curiosité de plus en plus triste de ne pas être partagée. Il n’a cessé de me donner des rendez-vous auxquels j’ai couru sur le tard, espérant encore le trouver. Mais dans les pièces où je l’ai cherché, dans l’atelier où personne ne va plus, dans ses tableaux, dans ses cahiers, bien sûr il n’était plus là. Je hoche la tête. Je prends le journal, le papier. Je regrette de l’avoir laissé tracer ces itinéraires que je ne suivrais jamais. Je me demande où ils m’auraient menée. »


« Il ne dit pas grand-chose mais il sait dire : Regarde. C’est ce qu’il m’a dit toute sa vie. Comme s’il n’avait cessé de faire un pas de côté pour ne pas cacher le paysage. Je regarde. »  


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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