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"Géantes" de Murielle Magellan aux éditions Mialet-Barrault



Laura aime sa routine et ses rituels. Elle glisse chaque matin à son réveil, ses pieds dans des « surripas», chaussons en satin venant du japon. Elle appuie sur le bouton de la cafetière avant de tenir le frigo ouvert avec son genou le temps de verser quelques gouttes dans sa tasse. Elle mène une vie paisible entre son travail de comptable dans l’entreprise de peinture de son mari, ses déambulations dans les rangées de la médiathèque de sa ville pour découvrir et emprunter de nouveaux romans d’auteurs japonais qu’elle dévore à toute heure de la journée et ses soirées au club d’œnologie, sa deuxième passion.


La vie de Laura suit une routine du matin au soir et cela lui convient.


Alors qu’elle vient écouter un de ses auteurs préférés, Takumi Kondo, présenter son œuvre, lors d’une soirée organisée par sa médiathèque, la vie de Laura va basculer.


La vie réserve bien des surprises. Et, il suffit d’une passion, de connaissances acquises par la lecture, d’avoir été repérée par la directrice de la médiathèque et d’une panne de train sur la ligne Paris-Bordeaux, pour que Laura se retrouve à remplacer au pied levé le journaliste qui devait animer la soirée. Et Laura brille. Elle éblouit tout le public par sa connaissance pointue de la culture japonaise et ses nombreuses heures passées à découvrir ses auteurs. Elle étonne même l’écrivain lui-même qui reste scotché devant sa culture. A son tour, il parle de Laura, lors d’une interview dans une grande radio nationale.


Et là, la discrète Laura est poussée sur le devant de la scène : interview dans un journal local, séance photos et proposition d’un poste de consultante chez une viticultrice afin de toucher une clientèle japonaise. Elle quitte son emploi de comptable et accepte un travail mêlant ses deux passions : la littérature japonaise et le vin.


Cependant, plus Laura s’épanouit et prend la lumière, plus elle grandit. Impossible de rentrer ses pieds dans ses chaussures taille 36 et son 1m58 prend des centimètres chaque semaine. Cet étrange phénomène qui la touche ne s’explique pas médicalement. Plus elle brille, plus elle fait de l’ombre à ceux qui l’entoure. Très vite, son mari, ses collègues et son entourage ne voient pas d’un bon œil, cette taille qui n’arrête pas de grandir, cette silhouette qui s’affine et cette femme qui s’embellit de jours en jours.


L’auteure raconte avec son écriture touchante et poétique, l’émancipation d’une femme. Une femme qui s’affranchit des autres, pour oser être elle et s’affirmer. Alors oui, elle gêne, elle dérange, on la jalouse mais elle est belle, elle est en accord avec elle-même. Elle s’épanouit et se nourrit de ses passions. Plus elle prend confiance en elle, plus elle grandit. Plus elle s’épanouit professionnellement et dans sa vie, plus elle prend de la place. Plus sa discrétion disparaît, plus elle rayonne.


Le roman alterne l’histoire de Laura et le journal intime de l’auteure. Dans les pages de son journal, Murielle Magellan partage avec nous lecteurs des moments de sa vie et nous parle de la naissance de son inspiration. Les deux parties s’alternent et se complètent. Chaque livre a son histoire et à travers le récit intime de l’auteure, on découvre les prémisses de son nouveau roman.


C’est un roman passionnant qui dessine le joli portrait d’une femme libre et heureuse. Une histoire douce et poétique mêlant les arts et les passions. J’ai adoré!


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Sa passion ne parvient plus à rester discrète. Depuis ses nouvelles fonctions, les livres s’accumulent (…) »


« (…) des filles sans entrave qui courent à grandes enjambées, tombent, se relèvent, rient, repartent de plus belle, s’écorchent et se brûlent, écorchent et brûlent aussi, arrivent premières ou dernières, mais épuisées, et avec l’impression de ne pas avoir assez profité du paysage. Cette énergie communicative vient abreuver les étonnées comme Laura, qui lambinent, contemplent et croissent au gré de pluies et de labours lents et têtus. »


« Ecris, chaque jour. Ecris, sans te soucier de ce que deviendront tes textes. Ecris, tu verras bien. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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