"Jour bleu" d'Aurélia Ringard aux éditions Frisson-Roche Belles lettres
- quandleslivresnousparlent
- 5 oct. 2022
- 4 min de lecture
A la lecture de ce livre, mon blog n’a jamais aussi bien porté son nom. Ce livre m’a beaucoup parlé. J’aurais pu faire une chronique qu’avec les passages qui m’ont touché.
C’est un roman qui parle d’amour, une histoire de rencontre à laquelle on ne s’attend pas, qui nous tombe dessus comme ça et qui fait battre le cœur. Ce n’est pas une histoire d’amour digne d’un conte de fée ou d’un roman à l’eau de rose avec coup de foudre et hop, ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. Non, elle est de celle, où on prend son temps quand tout va très vite aujourd’hui, où on se découvre, s’apprivoise et on se donne rendez-vous dans trois mois dans une gare car on a des projets, des contraintes professionnelles impossible à décaler même par amour. C’est prendre le risque que l’autre ne soit pas au rendez-vous. C’est prendre le risque que le début de cette histoire soit plus beau et plus fort.
A la gare de Lyon, la narratrice attend l’homme qu’elle a rencontré trois mois plus tôt lors d’un vernissage. Une soirée qu’ils ont passée ensemble, de ce regard croisé à la fermeture du restaurant. Au moment de se quitter, ce n’est pas par un baiser que la soirée se termine mais par la promesse de se retrouver dans trois mois à 13h15 à la gare de Lyon.
Alors dans ce décor, au milieu des arrivées et des départs, des gens qui se croisent, courent, se retrouvent, la narratrice observe ce va et vient. Elle a pris ses quartiers pour passer ces quelques heures au café « Le train bleu ».
Au gré des personnes qui viennent s’asseoir dans ce café, elle se souvient de son enfance où elle passait d’une gare à une autre le weekend pour rejoindre son père le vendredi soir et retrouver sa mère le dimanche, des événements qui ont marqué sa vie, de ses choix dans sa vie d’adulte. Elle raconte cette sensation de décalage qu’elle ressent vis-à-vis des autres par sa passion qui prend un peu beaucoup de place pour les livres et les mots. Et, elle nous parle de cette rencontre qui a changé sa vie, qui lui donne à nouveau envie d’aimer, d’oser, de prendre des risques. Cette rencontre qu’elle voit comme une nouvelle page à écrire.
Ces heures s’écoulent, le passé s’estompe, le peut-être laisse sa place au présent, il est l’heure, viendra-t-il, viendra-t-il pas… C’est une histoire d’amour avec ses mots doux, ses papillons dans le ventre et cette nouvelle page qui s’écrit à deux.
C'est tout simplement un roman magnifique. Un coup de cœur.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Dans ma vie, il y a des gares et des trains. Des trains tout le temps. Des trains à attraper, des trains à l’heure, des trains bondés, des trains de nuit, des trains bloqués, des trains en retard. Depuis toujours, c’est comme ça. Je cours sur les quais, le souffle coupé. »
« Je me demande comment se terminera cette histoire puisque, jusque-là, ça se termine toujours. Je n’ai pas peur de me prendre les pieds dans le tapis. Je veux découvrir ce que c’est que d’attendre quelqu’un, devenir cette attente houleuse entre deux cafés, trois rêves et de vieux souvenirs. A bien y réfléchir, la solitude me paraît un bon point de départ pour rencontrer l’autre. »
« Il était de ceux-là. Un être résolu à vivre sans concession. Ne pas rester les bras croisés. Ne rien attendre. Tout faire pour ne pas finir avec des regrets ou un goût d’inachevé. Peu importaient les cernes ; ils seraient nos nids. Nous avions le même langage. Une sorte de seconde peau. Un code privé bourré d’inflexions et de sous-entendus qui s’inscrivait au-dessus de l’assemblée. Les rires, les paroles des autres, la musique, les minutes, la fraîcheur du soir, tout continuait, nous ignorions tout. Sans promesse romantique stupide, nos deux cœurs rallumés battaient à la même cadence. »
« J’ai lu des livres et j’ai appris des pages par cœur, j’en ai fait des résumés, des suites, j’ai accordé de nouveaux dialogues aux personnages, vécu mille aventures avec eux, des énigmes, des spectacles, des caresses, des amours merveilleux et impossibles, sans doute le versant le plus original de ma vie. »
« Entre frère et sœur, il y a un lien qui n’existe nulle part ailleurs. Il suffit de nous regarder, nous avons en commun la même façon d’aimer. »
« Elle avait reçu à la naissance, ce don de tout sentir, de tout sentir très fort. Elle écrivait en pensant s’extraire du monde, mais elle ne faisait rien d’autre que de le retranscrire. Elle n’avait jamais cessé d’écrire, ce qui au cours du temps, l’avait fait grandir, rire, pleurer. Les chansons à textes et les mariages des autres. Elle n’avait renoncé à rien, ni à la folie, ni aux passions. Il était impensable, pour elle, de procéder autrement. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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