Les lieux de l’enfance, ces bâtiments, rues, commerces qui ont marqué les premiers pas, les trajets jusqu’à l’école, les premiers moments de liberté adolescente.
Des villes qu’on quitte provisoirement pour d’autres. Des villes qu’on quitte définitivement. Des souvenirs qui restent.
La narratrice vit à Paris avec son compagnon et leur fille de 20 ans. Elle n’a pas remis les pieds dans sa ville natale, Le Havre, depuis deux décennies.
Un mystérieux appel va la conduire vers la ville de son enfance. Derrière la vitre du train, les paysages se dessinent et les souvenirs affluent. Le gris et la pluie l’accueillent. Le policier qui l’a contacté aussi. Son numéro a été trouvé sur le cadavre d’un homme découvert sur la plage.
Un inconnu. Un homme dont les premières photos ne lui disent rien. Une angoisse ressentie. Qui est-il ? Pourquoi avait-il son numéro sur lui ?
Une quête qui se mêle aux déambulations dans les rues du Havre. Des pas qui la guident de la digue aux galets de la plage, des docks aux lieux qu’elle a fréquenté dans le passé, de son bar de lycéenne qui n’a pas changé à la maison abandonnée qui a abrité ses premiers émois.
Un décor urbain qui lui n’a rien oublié des années qu’elle a pensé dans cette ville. Alors la narratrice marche et raconte Le Havre, son passé, sa reconstruction de l’après-guerre, ses architectes, son port et sa place dans le commerce mondial actuel. Alors la narratrice déambule et raconte son lien avec son cinéma de quartier, sa meilleure amie, son exposé sur la libération du Havre, son premier amour.
Cette quête va la conduire à mêler architecture et moments de vie.
Des mots poétiques, des mots urbains, du souffle, des instants d’architecture, les battements d’un cœur de femme, les pulsions d’une ville.
L’auteure entremêle avec brio et sensibilité l’histoire d’une ville et d’une femme.
Quelques heures de lecture pour se perdre dans les rues du Havre. Quelques heures de lecture pour suivre la quête d’une femme.
Un très beau voyage de lecture.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« (…) cette géométrie modulaire, ces canyons perpendiculaires et ces carrefours récurrents, ces tours et ces intersections, multipliant les risques de collision, les angles morts et les lignes de fuite, créaient un espace propice au hasard, au fortuit, aux coïncidences, un espace devenu la matrice de ma rêverie. »
« En réalité, je n’avais pas besoin d’y pénétrer pour en avoir une sorte d’expérience, l’enseigne de néon rose à lettrage vintage, lustrant les parois du passage d’un halo couleur attraction puissante, quasi radioactive : c’était la lumière du cinéma. »
« Des bateaux dont certains n’ont même plus de pont et vont comme des caddies de supermarché, de simples contenants, la hauteur du chargement telle une paroi de montagne et la cale remplie selon le poids des conteneurs et les ports de destination. Trois millions de boîtes transitent chaque année dans le port du Havre, c’est tout le truc. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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