
Le silence, Rose y est habitué.
Il n’y a plus de bruit depuis que sa fille est partie, plus de rires, ni de tempêtes. Rose est seule face au bruit du quotidien, elle est seule face à la routine et au mutisme que son mari lui impose.
Dans le Toulon des années 50, Rose fait son petit bout de chemin, de la place du marché à sa petite maison, des balades le long de la mer aux ruelles de sa ville.
Un matin, au détour d’un chemin, une chute. Sa cheville est foulée. Sur son chemin, elle croise Farida qui l’aide à remonter le chemin jusqu’à chez elle. Rose n’attendait plus rien de la vie. Sa rencontre avec Farida va venir bousculer sa solitude et son quotidien monotone.
Elles sont deux femmes présentes pour leur famille. Elles sont deux femmes que la société place dans la gestion du foyer. Elles sont deux femmes silencieuses, qui suivent les décisions de leur mari respectif sans jamais rien remettre en cause. Elles sont deux femmes pudiques qui vont se tendre la main et choisir de partager leurs balades.
A partir de ce matin-là, elles vont se sauver de leur quotidien, Rose, cette maison silencieuse, Farida, l’abri de fortune dans le bidonville qui lui sert de maison depuis qu’ils ont quitté avec sa famille, l’Algérie.
Sans jamais se juger, elles vont se confier, partager leurs fous-rires, leurs recettes, leurs hontes. Ensemble, elles vont apprendre à lire. Ensemble, elles vont écrire une nouvelle page de leur histoire.
Avec Farida à ses côtés, Rose va renaître et s’ouvrir sur le monde qui l’entoure. Elle va s’ouvrir au débat politique avec les combats qui commencent en Algérie. Elle va devenir visible au sein de la société. Elle va devenir libre.
Une magnifique histoire d’amitié et d’engagement.
L’Histoire se mêle à l’émancipation de Rose.
Par une plume empreinte d’émotivité, les petits riens du quotidien prennent vie à travers les pages. La luminosité des mots raconte cette très belle rencontre entre Rose et Farida. Et que dire de cette fin si bouleversante …
Une lecture pleine d’intensité et d’humanité.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Tout le bien qu’on pouvait. Emmagasiner des petits plaisirs, des joies toutes simples, des cascades de fous rires. Elle appelait cela sa réserve de petits bonheurs. Pour tous les moments casse-gueule. Les jours de moins bien. »
« Du « vécu », entre toutes, on en avait à revendre. Des malles entières qu’on transportait sur nos chemins accidentés. Des malles qu’on avait remplies à ne plus savoir qu’en faire, pleines de nos histoires du quotidien. Des histoires de départ, de retour, de joie, de peine. Des histoires de vent, de mer, de sable, de maquis, de grand beau ou de froid à pierre fendre. Des histoires qu’on avait racontées à personne. »
« Cette langue, je la tiens désormais entre mes mains. Elle est mienne. Elle est ma voix, mon arme, ma constitution. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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