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"L’alphabet du silence" de Delphine Minoui aux éditions de L’Iconoclaste



Göktay et Ayla, vivent à Istanbul avec leur fille de six ans, Deniz. Il est professeur à l’Université du Bosphore, elle enseigne le français aux étudiants. Deux intellectuels, partisans de la liberté d’expression et de la démocratie. Un couple engagé.


Mais un jour, Göktay signe la pétition de trop et se retrouve enfermé entre les quatre murs d’une prison sans lumière, sans visite et sans ses livres. La liberté d’expression, la dénonciation des attaques meurtrières contre les kurdes et la demande d’un cessez-le-feu par des intellectuels sont réprimées avec violence par Erdogan. Le régime autoritaire d’Erdogan n’apprécie pas ces intellectuels qui prônent la paix et affirment leur opinion.


Tandis qu’Ayla se bat pour libérer son mari, l’opinion du peuple Turque est manipulée par le pouvoir en place, qui emprisonne les opposants au régime et incite à la dénonciation. Tout le monde se méfie de son voisin. Chacun se regarde avec suspicion. Il est difficile pour Ayla de savoir vers qui se tourner pour l’aider et la soutenir. Ses amis fuient le pays, d’autres se cachent ou sont emprisonnés à leur tour.

Pour sa fille, pour l’homme qu’elle aime, pour la liberté, pour son pays, Ayla ne lâche rien et est prête à affronter la lâcheté et la violence du pouvoir. Elle s’oppose à la politique d’Erdogan. Elle remue ciel et terre pour montrer l’injustice dont est victime Göktay. Elle continue le combat de son mari.


Pour sa fille et sa femme, Göktay, affaibli par une grève de la faim, garde espoir et invente son alphabet du silence.


Une fiction qui se mêle à l’Histoire pour nous conter l’histoire d’un couple épris de liberté et pour nous montrer l’évolution du régime politique turque avec la manipulation de l’opinion publique, la suppression de certaines libertés, la propagande, les arrestations arbitraires, la tentative du coup d’Etat de juillet 2016 et le pseudo référendum de 2017. Un roman qui rend hommage aux résistants et notamment aux intellectuels, journalistes et professeurs qui, cachés, continuent à enseigner, à défendre leurs idéaux et à raconter la vérité.


Une écriture vive, poétique et éprise de liberté. Une ode à l’espoir. Un livre engagé et d’actualité. Les pages nous transmettent la vérité, la réalité et les émotions. Des mots bouleversants et sincères pour mélanger la fiction au réel.


Un magnifique roman de liberté et d’amour.

Les passages du livre qui m’ont touché :


« Elle se souvient de ce que lui disait Göktay : « Le médecin soigne le corps et le professeur la tête. » Les mots avaient le pouvoir d’éclairer le monde, croyaient-ils tous les deux. »


« Rêver, c’est un peu s’évader. »


« Dans un débit pareil à celui d’une fontaine, les mots jaillissent naturellement de sa bouche. Parfaitement articulés, ordonnés, rassemblés. Des mots semblables à des fenêtres ouvertes sur le monde. Une sensation de plénitude l’envahit. Il n’est pas devenu muet, comme il le craignait. Dans sa bouche, chaque lettre est à sa juste place. Chaque virgule. Chaque point pour la respiration. »


« Les plus beaux mots de la Terre ne font plus sens quand ils sont imposés. »


« Et elle se dit que c’est ça, la liberté : vivre jusqu’au bout des mots. »


« C’est à l’intérieur, parfois, qu’il faut puiser sa force. Pour mieux se relever. Mieux se connaître, aussi. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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