Helen Scott a eu une vie digne d’un roman. Dans son livre, Serge Toubiana raconte l’histoire de cette femme, restée dans l’ombre des artistes et notamment des cinéastes de la nouvelle vague qu’elle a accompagné et dont elle a fait rayonner leurs cinémas sur les écrans américains.
Serge Toubiana part du « coup de foudre » amicale entre François Truffaut et Helen Scott en hiver 1960. En effet, en ce 20 janvier 1960, Helen part accueillir à l’aéroport de New-York, Truffaut, qui est venu recevoir le « Best Foreign Language Film » pour son film, « Les Quatre Cents Coups ». Entre les deux, va naître une longue et riche amitié de 25 années, qui va également s’accompagner d’une correspondance abondante.
A partir de leurs correspondances, Serge Toubiana raconte le destin romanesque de cette femme qui a eu une vie riche en rencontres amicales et professionnelles, en émotion et en événements. Car oui, Helen Scott a eu mille vies ! Elle a été résistante, syndicaliste, journaliste pigiste, amie d’Eleanor Roosevelt, attachée de presse au procès de Nuremberg, responsable des relations publiques au French Film Office à New-York. L’auteur nous décrit cette femme solaire, qui a marqué son entourage par son intelligence, sa fantaisie et son humour, mais qui cachait également des parts d’ombre : une addiction aux amphétamines, des problèmes avec son poids ainsi que ses déboires sentimentaux.
Suivant sa passion pour le cinéma et se sentant plus légitime dans son travail, elle va à partir de sa rencontre avec Truffaut, devenir l’ambassadrice du cinéma français aux Etats-Unis et de la nouvelle vague en particulier. Elle devient très vite indispensable à Truffaut pour défendre ses films de l’autre-côté de l’Atlantique, pour ses idées, son soutien inébranlable, ses relectures fines et ses conseils. Elle sera celle qui permettra la rencontre entre Truffaut et Hitchcock, et assurera la traduction des échanges entre les deux réalisateurs pour qu’en sorte de ses entretiens, un livre : « Le cinéma selon Alfred Hitchcock » de François Truffaut.
A travers, L’amie américaine, Serge Toubiana, met la lumière sur cette femme de l’ombre, trop peu connue, mais qui a œuvré pour le cinéma et fait connaître de nombreux cinéastes.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Je vous trouve irrésistible et vous aime pour la vie. »
« « (…) Lorsque le texte me stimule, j’y apporte davantage, et il y a le plaisir de faire a labor of love.» Un travail d’amour, ou par amour : des mots qui résument bien le caractère d’Helen Scott. »
« Je suis bien la dernière personne à vous reprocher votre éternel romantisme et l’optimisme avec lequel vous vous lancez dans chaque nouvelle aventure. C’est une attitude que je partage, et dont j’ai eu maintes occasions de souffrir. Et pourtant, on a tort de vous reprocher notre naïveté car dans la totalité d’une vie, cet état d’esprit (que je chéris en vous) nous apporte plus de bonheur que d’amertume. »
« Humour, générosité, profonde mélancolie, grande solitude, autodérision, besoin d’amour, tout se mêle dans la personnalité d’Helen Scott. Ce qui en faisait un être rare et attachant. »
« Il incarnait la Nouvelle Vague et concevait le cinéma sur un mode romanesque, à la première personne. »
« Avec intelligence et opiniâtreté, elle a œuvré, avec sa complicité à mieux faire comprendre ses intentions et sa vision du monde, de l’amour, de l’enfance, à travers des films aimés par le public américain, parce qu’ils portaient des valeurs de liberté et d’indépendance. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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