
Chaque année, Antoine retrouve son père à Biarritz pour une semaine père/fils. Pendant qu’il surfe, son père, posé en terrasse avec un verre de rosé, le regarde prendre les vagues et l’encourage. Mais cette année, la pluie diluvienne compromet leurs habitudes.
Alors il suffit d’une soirée un peu trop arrosée à San Sebastian et la rencontre avec deux surfeurs bretons pour que le père d’Antoine propose de partir prendre les vagues de Nazaré.
Départ le lendemain matin, dans la vieille Nissan Micra, la planche de surf entre les deux et la chanson « La cintura » d’Alvaro Soler en fonds sonore. Ils prennent la route de San Sebastian, longeant la côte jusqu’à Nazaré. Ils partent en quête des plus grosses vagues d’Europe, prétexte pour partir en quête d’eux-mêmes, pour se retrouver, pour se parler sincèrement, effacer les rancunes passées et rattraper les années, eux que la vie a souvent séparé pour de nombreuses raisons que l’on découvre le long du trajet.
Et c’est parti pour un voyage, un voyage aux paysages magnifiques, un voyage qui va faire ressurgir les souvenirs et en créer des nouveaux, ressouder les liens et qui va symboliser les retrouvailles, les discussions profondes, la fin des non-dits et des échanges en surface.
Alors qu’on pense la tempête finie, avec le calme et les éclaircies du trajet, elle reprend plus fort au retour à Biarritz, elle emporte tout et rend nos yeux humides.
Avec un style maîtrisé, Antoine renoue avec son « Elégant », surnom de son père. L’Elégant d’hier était fringant avec ses pulls en cachemire de couleurs différentes, qu’il choisissait en fonction de ses activités de la journée. L’Elégant d’aujourd’hui a vieilli, roule en Nissan Micra et associe ses pulls de couleurs à des New Balance.
C’est beau, bouleversant et touchant. On lit ce roman comme une balade le long de la côte, on en prend plein les yeux avec ces paysages spectaculaires. On se laisse bercer par les vagues et les mots de l’auteur.
Barthélémy Desplats signe un premier roman tendre et émouvant. Ce livre est une magnifique déclaration d’amour d’un fils à son père.
Le père d’Antoine conclut ce voyage par ces mots : « Il était top ce voyage ». J’ai refermé le roman, en me disant : « Il était top ce roman. ».
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Nous avons cela en commun mon père et moi ; l’élégance de l’évitement. Avec le temps et au prix d’années de frustration pour ma part, nous avons développé la faculté de ne rien dire tout en parlant. »
« Nous en avons parcouru, du chemin, pour en arriver là lui et moi. Et plus que les souvenirs que nous avons créés, c’est un lien inédit que nous avons tissé, kilomètre après kilomètre, confidence après confidence et bouteille de vin après bouteille de vin. Certes, mon foie est touché mais mon cœur l’est encore plus, (…). »
« J’avais donc une place de choix dans sa « to do list » et pour moi, ce n’est pas rien. »
« Chaque pull que j’attrape est un souvenir que je déplie. Le bleu ciel pour les apéros au-dessus de la plage de la Côte des Basques, le rose pour les étés à la terrasse du golf, les bordeaux pour les déjeuners de Noël et le jaune pour les balades en bateau… »
« Pour la première fois, je retrouve quelque chose de lui dans le trentenaire que je regarde avec sévérité. La façon de me tenir les pieds écartés, les mains dans les poches et les sourcils froncés… »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
Comments