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"L’heure des femmes" d’Adèle Bréau, aux éditions JC Lattès



Des postes de radio qui s’allument chaque jour à la même heure. Un moment de calme dans la tempête des tâches ménagères et familiales. Une voix amicale et attentive. Un instant de sororité.


A partir des archives radiophoniques et des milliers de courriers reçus, Adèle Bréau raconte le magnifique parcours de sa grand-mère, Menie Grégoire, une femme à l’oreille attentive qui a connu une carrière fulgurante à 50 ans et qui fut pendant plusieurs années, la confidente de nombreuses femmes.


Mélangeant fiction et réalité, cette fresque féminine bouleversante, retrace la vie d’une femme extraordinaire et mêle des personnages fictifs : Mireille, Suzanne et Esther.


En 1968, Mireille a trente ans et est déjà épuisée. Elle a le sentiment d’en avoir trente de plus. Ses six grossesses l’ont éreintées. Chaque jour, elle accomplit les mêmes gestes : se lever la première, préparer les petits déjeuner pour tout le monde, emmener les plus grands à l’école, s’occuper des plus petits, nettoyer la maison, laver le linge, repasser, préparer le dîner. Mireille ne rêvait pas de cette vie là. Alors, elle pousse sa petite-sœur, Suzanne, à travailler. A Paris, Suzanne fait la connaissance de Menie Grégoire et va travailler à ses côtés à la radio. De 1968 aux années 80, les vies de Suzanne et Mireille vont être liées à celle de Menie. Ensemble, elles vont avancer, connaître l’évolution de leur statut de femme, s’émanciper, rêver et aspirer à voir plus grand que la maison où l’on veut les contenir à cette époque.


De nos jours, Esther se cache et cache en même temps un douloureux secret. Quand elle reçoit la proposition de son amie éditrice d’écrire un livre sur la vie de Menie Grégoire, s’est une nouvelle page de sa vie qui s’écrit. Raconter le parcours d’une femme inspirante va la sauver et la libérer d’une emprise néfaste. Partager ses journées avec Menie, va lui ouvrir les yeux et l’autoriser à vivre car on n’est jamais trop vieille pour réaliser ses rêves.


Des pages qui nous emportent et nous narrent l’évolution des femmes et de leurs droits. Une histoire passionnante qui raconte les combats nécessaires pour ce qui nous semblent évident aujourd’hui, les combats pour la liberté, les combats pas encore terminés.


Menie Grégoire est une femme libre, fantasque, curieuse, bienveillante qui pour ne pas sombrer face aux histoires difficiles qu’elle entendait chaque jour, a pu s’appuyer sur son mari, ses filles, « ses filles» de la radio ainsi que sur les fêtes joyeuses qu’elle donnait. Une femme qui a écouté de nombreuses femmes chaque jour, qui aimait ses concitoyennes, qui s’est battue pour elle malgré les messages haineux reçus bien avant l’avènement des réseaux sociaux. Une femme qui a accompagné, aidé, encouragé l’émancipation des femmes.


Pendant de nombreuses années, Menie Grégoire a pris le pouls de la société et a accompagné les femmes dans leur combat. Pendant de nombreuses années, elle a été la voix qui a retenti dans les foyers au moment de la sieste des enfants, le moment de pause que s’accordaient les femmes dans leur vie chargée par les tâches quotidiennes. Pendant de nombreuses années, elle a été la voix amicale, la confidente de milliers de femmes, l’oreille qui recueillait leurs maux et les maux de la société.


Les voix des femmes se répondent dans ce roman mêlant fiction, archives radio et Histoire. Des femmes à travers les décennies passées. Des droits acquis dans un passé pas si lointain.


Un magnifique roman à lire. Le portrait touchant d’une grand-mère par sa petite-fille.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Ce sont plutôt ces voix de femmes que j’entends, ces confidences, pour la plupart oubliées. La propension humaine à effacer le passé est prodigieuse, me dis-je. Comment toute cette matière humaine a pu être entreposée ici, dans ces allées silencieuses, sans que personne ne s’en soucie ? Comment ces viols, ces avortements, ces solitudes, cette vérité crue livrée sans fards aux oreilles de millions d’inconnus ont été cachés aux générations futures. Fallait-il une nouvelle fois faire taire ces hommes, ces femmes surtout, qui ont raconté la vie ? La vraie. Qu’on l’aime ou pas. »


« Paul m’observe avec curiosité. Il se tait. Peut-être parce que, comme moi, il n’a pas de réponse à ça. Au fait qu’après cette période de sursaut, on ait voulu refermer la porte des foyers. Les femmes avaient obtenu la contraception, le droit d’avorter, celui de travailler. Elles avaient eu ce qu’elles voulaient, elles n’allaient pas continuer d’emmerder le monde. Maintenant, elles pouvaient la fermer.»

« Jusque-là, il me paraissait évident que j’avais « loupé le coche ». Mais Menie n’avait-elle pas vu sa carrière exploser à près de cinquante ans ? A une époque où une femme de son âge était « périmée » ? Son exemple me donne une énergie incroyable. »


« J’ai accès à la contraception, je peux reprendre des études si j’en ai envie, ouvrir seule un compte en banque, voter comme je le souhaite, louer un appartement, porter un short en ville, parler à un homme dans un bar, coucher avec une femme, faire des rencontres en ligne, avoir un enfant toute seule, écrire un livre. Oui, tout en marchant sur le boulevard Saint-Germain, j’ai cette sensation folle que ma vie commence enfin, et qu’elle est pleine de possibilités parce que des femmes comme Menie, et tant d’autres après elle, se sont battues pour cela. »


« C’est sans doute cela, la vie, l’alternance de zones d’ombre et de merveilleuses allégresses. »


« Elles courent de leur bureau à l’école, organisent, cuisinent, aiment, tentent de concilier une vie de femme avec celle de mère, qui vous prend aux entrailles, vous réveille la nuit, fait monter les larmes et chavirer les cœurs plus qu’aucune ambition, plus qu’aucun combat, aussi. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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2 comentarios


colette.foulon
16 feb 2023

Encore un livre qui donne envie de lire. Merci Laura

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caillaud.laura.10
18 feb 2023
Contestando a

Je pense qu'il te plairait beaucoup! 😄 Bisous 😘

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