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"Le grand secours" de Thomas B. Reverdy aux éditions Flammarion



7h30

Paul, écrivain en manque d’inspiration et en besoin de complément de revenus, monte dans la ligne 5 pour son terminus. Il traverse le périph pour rejoindre Bondy et son établissement scolaire. Il commence son premier jour avec l’animation d’un atelier d’écriture.


Mo, lycéen de seconde, marche dans le froid du mois de janvier. Capuche sur la tête, mains enfoncées dans les poches de sa veste trop légère mais tendance, il se rend au lycée.


Candice a enfourché son vélo et pédale le long du canal. Comme chaque jour, elle voit le paysage de cette ville de banlieue, défiler devant ses yeux. Comme chaque jour, elle applique avec minutie son rouge à lèvres rouge pétant. Son détail de prof qui fait toute la différence.


Une journée du quotidien dans un établissement scolaire. Les cours démarrent, chacun a sa place attitrée, les cours s’enchaînent : français, histoire, maths et la mélodie de la récréation résonne dans les salles. Les élèves courent rejoindre la cour. Chacun son coin et son banc. En bande ou à deux. En position statique ou en dribblant un ballon. Pour les profs, c’est la course à la photocopieuse, le café insipide avalé à la hâte, les conseils distribués aux remplaçants et aux nouveaux recrutés par speed dating. Fin de la récréation, chacun reprend sa place et la journée se poursuit.


Cette journée qui semblait lambda sera pourtant le théâtre d’une tragédie. Une altercation à quelques pas du lycée et à quelques minutes de rentrer en cours. Une photo prise au dépourvue et postée sur les réseaux sociaux. Une image qui fait vite le tour des portables et qui fait monter la tension. Cela gronde dans le ventre des plus grands. L’émeute se prépare.


Heure par heure, la vie dans un établissement scolaire avec le manque de moyens, les bâtiments qui prennent l’eau, les professeurs absents et non remplacés, les classes de plus en plus nombreuses et les programmes de plus en plus chargés.


Heure par heure avec cette tension qui monte. De l’altercation à l’émeute. La violence des mots entre élèves, la violence entre jeunes et forces de l’ordre, la violence entre élèves et personnels scolaires, la violence entre parents et professeurs.


Un roman d’une très grande réalité qui décrit avec sincérité, la réalité de l’école d’aujourd’hui.


Plusieurs émotions se côtoient entre ces pages. On passe de la beauté de la poésie des mots à l’humour, puis la colère ou encore la stupéfaction. On se met à la place de ces professeurs, surveillants, directeurs, élèves de toute classe.


Un livre sincère, émouvant et d’actualité.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« C’est toujours comme ça. La maladresse, c’est un truc de timide. »


« L’émotion, c’est parce qu’on se met à la place de celui qui est dans la lumière. C’est de l’empathie, de la fierté, de la procuration. C’est pour ça qu’on aime les acteurs. C’est pour ça qu’ils nous font peur aussi quand ils se ratent comme des acrobates. Un peu honte quand ils sont ridicules. »


« Mais elle est toujours émue, elle est toujours fière quand elle a l’impression que l’un d’entre eux vient de rencontrer la beauté, cette chose qui peut changer la vie pour toujours, qui peut donner du sens à tout ce qu’on fait, qui permet d’échapper à tout ce qu’on subit, la beauté qui console et la beauté qui éblouit, qui soigne et qui exalte, qui révèle et qui guérit, que l’un d’entre eux, même un seul, rencontre la beauté, la beauté qui sauve, et la journée est gagnée. »


« Lui-même, il a dû se battre pour faire ses choix, pas ceux d’un autre, pour être artiste, pour être libre. Parce que ça veut encore dire quelque chose, la liberté. C’est trop facile, les déterminismes. Evidemment, c’est une façon de décrire la société, mais la société, ce n’est pas les gens. »


« Un écrivain, c’est comme ça, peut-être. Quelqu’un qui rêve plus qu’il ne vit. Et c’est déjà plus que la plupart des gens. »


« Elle aime bien leur imagination, la façon qu’ils ont de jouer avec les mots, de mélanger les niveaux de langue et les contextes, de confondre leurs différents sens. Il y a de la poésie, sans doute il y a de la politique dans cette façon de faire, de maltraiter la langue officielle, de la politique dans la langue, c’est de la poésie (…) »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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