Une maison dans la Drôme. L’envie d’avoir une maison natale, un lieu où se retrouver. Et puis, une tête qui se lève, un regard qui accroche, un nom inscrit dans le crépi grège. André Chaix. Point de départ d’un récit, de ce récit. A qui appartient le patronyme écrit sur le mur d’une maison ?
Alors l’auteur interroge les habitants, plonge dans les archives et recueille les divers témoignages sur cet homme. Par ces bribes collectées, une histoire est née. Celle d’un homme résistant, disparu jeune comme beaucoup d’autres.
A travers cet homme au parcours remarquable, l’auteur retrace un pan de notre Histoire. Une période apprise dès l’enfance, au programme du baccalauréat, lue dans les témoignages et livres de fiction, vue au cinéma depuis plus de 70 ans. La seconde guerre mondiale, l’occupation, la résistance ont inspiré et pourtant tout semble oublié, ces dernières semaines.
Jeune homme normal, André a grandi dans un village de la Drôme, parents boulangers, aîné d’une fratrie de deux garçons. Elève à l’école communale, puis apprenti. Préférant apprendre la céramique, il délaisse le four parental pour un four à la température plus élevée.
Jeune homme amoureux, il fréquente Simone. Ils sont même fiancés et s’écrivent des mots d’amour derrière le dos de photos où ils s’enlacent comme les gens de leur âge.
Jeune homme engagé, il rentre dans la résistance à 18 ans. Maquisard, il a œuvré au côté de ses compagnons pour la défense de la France et pour sa libération. Il a fait sauter des voies de chemin de fer pour éviter la déportation d’enfants, de femmes et d’hommes. Il a protégé des villages où des enfants étaient cachés. Il a entendu les célèbres phrases diffusées à la radio pour le Débarquement de Normandie. Il a vu la fin de la guerre proche, le 15 août 1944 avec le débarquement de Méditerranée. Et la vie l’a fauché, quelques jours plus tard, le 23 août 1944. Leur convoi doit rejoindre le maquis. Ils sont attendus au coin d’un angle par une mitrailleuse de la IIème Panzerdivision. André est touché et succombe à sa blessure.
20 ans, deux mois et trente jours, c’est court pour une vie pleine de promesses et d’amour.
Il aurait eu 100 ans cette année. Il a disparu, il y a 80 ans. Commémorations célébrées, il y a quelques semaines.
Il croyait en la France libre, unie et sans haine. Contre l’occupation, la collaboration et le fascisme, il s’est battu.
Pour la liberté de chacune et chacun d’entre nous, son nom est gravé sur un monument, une plaque commémorative et le crépi d’une maison.
On ne devrait pas mourir à 20 ans.
On ne devrait pas oublier l’Histoire.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« (…) « tourner la page », métaphore qui dit que la vie est peut-être un livre. »
« Il faut toujours se faire le vœu d’être heureux, plutôt que le serment. C’est la faute au destin s’il tient si rarement ses promesses. La faute à la langue si l’on dit des fiancés qu’ils sont des « promis ». »
« Mais ce moment d’exaspération contre les semeurs de haine ne nous éloigne pas de lui. Au contraire. C’est contre eux aussi qu’il s’est battu, et à cause de gens comme eux qu’à vingt ans il est mort. »
« On ne débat pas de telles idées, on les combat. Parce que la démocratie est une conversation entre gens civilisés, la tolérance prend fin avec l’intolérable. Quiconque sème la haine de l’autre ne mérite pas l’hospitalité d’une discussion. Quiconque veut l’inégalité des hommes n’a pas le droit à l’égalité dans l’échange. »
« Peut-être ne jamais céder à l’idée de l’infériorité de l’autre est-il la fidélité suprême à ce qui nous rend humains. Il faudrait sans doute, pour rester des hommes, sourire chaque fois au mendiant qui s’adresse à nous. Je ne le fais pas toujours. »
« Bien sûr, face à cette différence qui constitue l’autre, nous sommes « naturellement » craintifs. Il n’y aurait plus de poule si le poussin ne se méfiait du chat. Mais les Grecs anciens, qui à nos yeux modernes n’avaient pas que des vertus, disaient malgré tout que, quand on frappe à votre porte, c’est peut-être un dieu qui vient s’enquérir si vous êtes disponible pour lui. »
« Parfois, souvent, on ne peut pas à la fois faire l’Histoire et la comprendre. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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