Coup de cœur pour ce magnifique roman de Pierric Bailly.
Quand Aymeric rencontre Florence, elle a 40 ans, lui 15 ans de moins. Elle est enceinte de sept mois, lui il sort de deux années de galère. Le géniteur est absent, trop occupé avec sa famille officielle. Son gros ventre ne dérange pas Aymeric, une histoire commence entre eux.
Mais quand Jim naît, Aymeric ne ressent rien. Peu à peu, les premiers regards de Jim, ses premiers sourires, vont chambouler Aymeric et un amour infini va lier ces deux êtres. L’amour d’un père pour son fils. Leur famille se construit dans la douceur des forêts jurassiennes avec des balades, des histoires contées et des matchs de foot. Quand Aymeric entend que Jim lui ressemble, il en ressent une très grande fierté.
Cette bulle familiale éclate quand le père biologique de Jim réapparaît. Peu à peu, Aymeric s’efface au profit du géniteur. Les années passent, Jim grandit sans Aymeric à ses côtés.
Mais un lien aussi fort peu s’étioler mais jamais se briser. Quand deux décennies plus tard, Jim revient partager la vie d’Aymeric, les deux hommes réapprennent à vivre ensemble, à partager des passions. Ils reprennent leurs randonnées dans les montagnes du Jura et leurs discussions. L’amour qu’ils se portent l’un à l’autre n’a pas changé.
Par des mots justes et poignants, Pierric Bailly raconte la vie du narrateur, son apprentissage de la paternité, ses moments heureux, les passages plus douloureux de sa vie, comment il s’est construit à chaque étape marquante de sa vie. L’auteur retrace la chronique d’une partie de la société peu souvent mise sur le devant de la scène dans la littérature. Il décrit sans jugement la vie de ceux avec qui la vie n’est pas tendre. Avec des mots à la fois simples et puissants, il sait raconter les galères, les études arrêtées, les contrats d’intérim enchaînés, sa place qu’on cherche dans la société.
Ce roman rend un très bel hommage au parent qui est là, qui aime même s’il n’est pas le géniteur. Le lien d’amour est souvent plus fort que le lien du sang. C’est une très belle exploration sur ce qu’est être père et sur l’amour exprimé par les taiseux.
C’est un roman bouleversant et d’une très grande justesse.
« Le roman de Jim » est une déclaration d’amour d’un père à son fils.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Derniers bisous, dernier je t’aime mon grand tu vas me manquer terriblement, derniers au revoir de la main et dernier mouchoir de mon paquet, que je gardais froissé au creux de ma main au fond de ma poche pendant que le tram rouge filait vers l’aéroport maintenant. »
« Mais je voulais juste te dire une chose, je voulais te dire que c’est toi mon papa. Trop fort, mon gamin. »
« (…) je m’endormais avec sa voix dans la tête, sa voix et son sourire et l’image de sa trogne sur le téléphone (…) »
« C’était devenu la bande originale de ma vie. »
« Aurélie avait du mal à comprendre, mais on ne comprend pas toujours la vie des autres. On commente, on juge à l’emporte-pièce, on se dit qu’on ne ferait pas la même chose si on était à leur place, mais ça ne sert à rien, puisque justement on n’est pas à leur place. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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