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"Le salon" d'Oscar Lalo aux éditions PLON



Il suffit d’être en avance puis en retard à un rendez-vous chez le coiffeur et d’un bac à un euro devant une librairie pour que la vie de notre narrateur soit bousculée. Lui, qui mène à quarante ans, une vie réglée et sans artifices. Son quotidien est organisé par son père et les séries télévisées sont ses seules compagnes.


Mais en s’arrêtant devant ce bac à livres, au milieu des biographies de stars, des livres de recettes de cuisine miracles et des romans oubliés, il tombe sur « La tentation de Saint Antoine » de Flaubert. Un euro pour du Flaubert, il ne comprend pas. Et ce n’est pas ce libraire un peu bougon et préférant écrire dans son cahier les passages qu’il a aimé d’un ouvrage plutôt que de s’occuper de ses clients, qui va lui expliquer le pourquoi du comment alors pour un euro, le narrateur prend le roman de Flaubert et là c’est le début de sa nouvelle vie.


Il se fait recaler par ce coiffeur dont il a ses habitudes et se retrouve chez un coiffeur-visagiste très atypique et à la note très salée. En effet, quand on lui apporte l’addition qui s’élève à 400€ pour un shampoing certes très agréable et une coupe, certes réalisée avec soin, le narrateur s’étouffe. Comment va-t-il payer cette somme ? Il hésite entre un coiffeur-basket ou une reconnaissance de dettes. Il choisit la seconde option et promet de venir dans les prochains jours payer sa facture.


Avec ses nœuds au cerveau, ses pas l’entraînent à nouveau vers la librairie. Et au milieu des livres et tout en discutant avec ce libraire passionné de mots et de littérature, il pose ses questions, il s’interroge sur sa lecture de Flaubert, il découvre d’autres textes et il trouve une idée pour rembourser sa coupe à 400€ : il va raconter Flaubert à son coiffeur.


Et voilà, notre narrateur qui, au milieu d’un salon de coiffure, offre un salon littéraire. Lui qui errait dans l’appartement familial, trouve un nouveau refuge entre la librairie et le salon. Ses nouveaux confidents sont les livres. Ses nouveaux amis : un coiffeur autodidacte et un libraire généreux. Au gré des rencontres littéraires, cet homme qui a gardé son âme d’adolescent va grandir, s’ouvrir et apaiser ses peines. Il va se rencontrer lui-même.


Un roman passionnant et touchant. Beaucoup d’humour et de sensibilité dans ces pages et un très bel hommage à la littérature et à tout ce qu’elle nous apporte.


Une histoire que je recommande à tous les amoureux des livres.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Un jour, je me ferais le cadeau d’arriver en retard. Pour l’instant, je n’ose même pas y penser. J’ai besoin d’être bien vu. Ou, plus exactement de passer inaperçu. Être bien vu, c’est n’être pas vu. »


« Vous me direz aujourd’hui, 90% des écrivains le font, comme jamais auparavant dans l’histoire de la littérature, au nom de cette impudique autofiction tant à la mode, où il est bien vu d’exposer ses vieilles couches puantes, celles de ses parents, de ses maîtresses et autres amants, et de se poser en victime universelle sauvée in extremis par un déballage qui n’a de littéraire que le nom. D’où mes bacs à un euro. »


« C’est peut-être ça, la définition du métier d’écrivain : se ressouvenir pour inventer. »


« C’est-à-dire que tu ne pourras te connaître toi-même que si tu enlèves en toi tout ce qui n’est pas toi.»


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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