Oscar, la trentaine, est le fils d’une scénariste et d’un réalisateur et producteur célèbres. Il a grandi, entouré de ces deux monstres du cinéma et il a toujours eu du mal à trouver sa place dans cette famille qu’il aime mais qui l’énerve souvent. Le décor étant planté, on suit au côté d'Oscar, la vie de ces personnages surprenants qui dévorent la vie, qui aiment avec passion mais qui cachent des secrets. La vie de ces personnages s’entremêle avec la vie réelle. Entre deux films à tourner, des projets de série, une actualité qui ne s'arrête jamais et une maladie qui s'immisce, on voyage avec eux de Paris à New-York, en passant par le Mexique, la Grèce et la Russie.
Une fois ouvert, une fois les premières pages dévorées, impossible de lâcher ce roman tellement qu’on est happé par l’histoire ou plutôt les histoires car il y a plusieurs intrigues dans ce livre.
Dans la première moitié du roman, j’ai eu le sentiment de jouer « ma curieuse » et de lire le journal intime d’un autre, en l’occurrence d’Oscar, le narrateur de l’histoire. Dans les deux cents premières pages, on est plongé dans la vie d’Oscar qui nous confie ses doutes, ses peurs, ses projets en cours, ses questions existentielles, ses peines de cœur, ses angoisses, ses jérémiades de « fils à maman » car oui Oscar geint beaucoup. Alors, j'ai eu envie de refermer ce livre. Mais poussée par ma curiosité et par les intrigues qui s’enchaînent, je n’ai pas pu m'arrêter de le lire ! La deuxième partie démarre sur un événement majeur et là le ton de l’histoire change. Le rythme est plus soutenu. Cette deuxième partie est beaucoup plus riche en actions. On oscille entre plusieurs intrigues, plusieurs enquêtes et on veut connaître leurs résolutions alors j’ai continué à avaler les pages et je ne l’ai lâché qu’au mot « fin » !
Ce livre est passionnant ! Il fourmille d’idées. Il fait un portrait de la fabrique des films et des séries d’aujourd’hui très réel. Il aborde des thèmes d’actualité avec beaucoup de réflexions, de recherches, entraînant le débat entre les personnages.
Ce roman est très bien documenté. Il parle vrai. Il fait réfléchir.
La plume d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre est bluffante. J’ai été emportée dans son histoire, dans les faits qu’elle décrit, dans les fictions créées par les personnages qui sont d’autres récits dans le récit principal. A lire les bibles des séries, les notes d’intention des films, j’ai eu envie de les visionner à mon tour !
Pour les cinéphiles, pour les personnes qui aimeraient travailler dans le milieu du cinéma, ce roman va vous passionner ! On est plongé dans l’univers de la fiction. On suit les différentes étapes de la création : la phase de l’écriture avec les fiches personnages, les recherches, l’écriture des dialogues ; la préparation du tournage ; le choix de l’équipe ; les aléas pendant un tournage ; la première projection ; la promotion du film et même la montée des marches à Cannes ! Pour les futurs scénaristes et réalisateurs, ce roman est une bible de conseils.
Ce livre est dense, riche et passionnant. A ouvrir pour s’évader dans le monde du cinéma, pour trouver sa place dans une famille envahissante, pour débattre sur des faits de société et pour découvrir « Les Jours heureux ».
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Ma mère a des défauts mais elle sait glisser dans le quotidien une magie et une drôlerie que je n’ai jamais retrouvée. »
« Elle écrit vrai, elle écrit dur et tout à coup, elle vous colle un moment de grâce absolu qui vous laisse à genoux avec des larmes dans les yeux. Et lorsque vous êtes bien affaibli, enterré au milieu du drame, elle vous fait éclater de rire, d’une pirouette que personne n’a vue venir. »
« Lui, il voulait des débrouillards, des têtes brûlées qui avaient dévoré de la pellicule dans un cinéma de quartier, des gens avec la rage, une revanche à prendre, pas des binoclards intellos du genre qui plairait à ma mère. Il les voyait venir à trois kilomètres ces bachoteurs qui, pour passer leurs concours, avaient écrits plus de fiches que de scénarios. Ils lisaient des analyses de films au lieu d’aller en projections. Ils n’avaient pas le cinéma dans le sang. »
« Elle disait que le meilleur moyen d’apprendre, c’était de voir des films. Des bons bien sûr, mais plus encore des mauvais, parce que les erreurs dévoilent les ficelles et les accidents de la mécanique, alors que les chefs-d’œuvre vous charment, dissimulent le travail et les coutures, pour vous donner une impression d’évidence et de fluidité. »
« Truffaut, pour elle, c’est une jardinerie. »
« Souvenirs, sentiments, sensations se télescopent. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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