Depuis plus de vingt ans, Didier est ventouseur. Il est le dernier maillon de la chaîne du 7ème art. Très loin des paillettes, c’est lui qui garde les places sur les zones de tournage pour les camions techniques et les vans des comédiens. Didier ou Gibson pour ses amis, s’est rêvé célèbre musicien avant de poser des ventouses. Rockeur dans l’âme, sa guitare n’a pas été remisée au placard et le roman s’accompagne d’une influence musicale forte. Hendrix, Springsteen, Zimmerman, BO de notre lecture. Rockeur dans un corps qui accuse les excès : il compense la maladie de sa femme et la disparition de son fils par une bonne descente et des roulées.
Un soir, un célèbre comédien est jeté du haut du 4ème étage sur le lieu du tournage. Le coupable idéal : Ted, jeune ventouseur et étant déjà passé par la case prison. Gibson s’est pris d’affection pour le jeune homme et ne croit pas en sa culpabilité.
Accompagné d’Inès, journaliste pour un média indépendant et renseignée par un mystérieux indic, Gibson se lance dans l’enquête, car derrière le meurtre, c’est un scandale dissimulé et un système politico-financier corrompu.
Des banlieues parisiennes aux salles de réunions des labos pharmaceutiques, des cafés du Palais Bourbon aux rues de tournage, la violence des manipulations et les failles des personnages nous entraînent à un rythme effréné dans une investigation où se côtoient petits malfrats, labo pharmaceutique, indic, hommes financiers et politiques. Les décors sont surtout les lieux des stratégies politico-financières et de leur influence sur les lois.
Un roman noir passionnant qui dépeint la société avec justesse et humour. Des sujets actuels, creusés et réfléchis. La tension monte crescendo et emporte dans les méandres des malfrats, des groupes puissants et des scandales étouffés.
L’écriture est vive et efficace. La plume est incisive et mordante. De la répartie et de l’humour dans les dialogues.
Un roman puissant.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Mais au fond, y a un truc qui se passe aux aurores que tu retrouves qu’à ce moment-là. Un truc organique. Comme si la ville était vivante, et baissait son masque de bourgeoise hautaine pour te divulguer ses trésors, rien qu’à toi, en toute simplicité. »
« Le style, c’est tout. Le reste, c’est de la branlette, du vent. Le style, c’est la grâce qui t’effleure, que tu tresses des paniers en osier ou que tu écrives des poèmes. »
« Douce, c’est ce qui qualifie le mieux sa musique. Douce, mais surtout pas mièvre. Personnellement, je réfute les « gorgées de soleil » et toutes ces métaphores de colons qui ne voient dans la bossa qu’un truc pour draguer les filles d’Ipanema en rentrant de la plage. Parce que si t’as bien écouté, ça pue la tristesse et l’oppression, son truc à Jobim. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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