Claire vient de perdre son père. Un père casse-cou, un père fantasque, un père préférant brûler la vie par les deux bouts plutôt que de prendre soin de lui, un père qui ne comprend pas les humains et se réfugie derrière son microscope pour observer la magie du tout petit.
De la colère aux larmes, des fous rires à l’euphorie, Claire tente de faire son deuil et de comprendre le geste irréparable de son père.
Alors, elle part à la quête de son père. Elle se réfugie dans ses souvenirs d’enfance, elle observe pendant des heures les photos de leur passé à tous les deux, elle cherche dans les paroles de sa mère les traits de son père. Elle tente de lui redonner vie dans ces lieux du quotidien. Elle frôle la frontière entre le réel et l’irréel pour lui parler une dernière fois, pour l’approcher encore une fois.
Et quelque part, entre le monde des vivants et celui de l’au-delà, son père se balade et l’accompagne. Il est là à ses côtés. Il devient ce murmure à son oreille. Et il nous raconte son sentiment d’être à côté de tout, sa colère face à cette société qui détruit au lieu de protéger et à cette démocratie qui s’étiole et son impuissance à vivre et à vieillir.
La voix du père et de la fille se répondent et se confondent. Ils se cherchent, se lient et surtout s’aiment.
Dans ce premier roman onirique et magnifique, l’auteure évoque la perte et le cheminement du deuil. D’une écriture imagée, nous suivons la quête de Claire et les itinérances de son père.
De nombreux passages résonnent avec l’actualité et nous interrogent sur la place de l’homme dans la société, la terre qu’il laisse aux générations futures et nos engagements.
L’extrême sensibilité des mots se mélange à de l’humour noir pour une plongée dans un univers coloré et poétique.
Un très beau premier roman à la fois poétique, engagé et touchant.
Un coup de cœur.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« On ne possède qu’une chose dans la vie, c’est un corps. Un corps, c’est un océan, une forêt, une montagne. On doit en prendre soin. »
« J’enrageais en pensant au 1% de riches qui détruisent, non pas la planète, qui s’en remettra, elle, mais des milliers d’espèces animales et végétales. »
« Je découvrais une faune et une flore invisibles à mes yeux jusqu’à présent, à part avec masque et un tuba. Je me rends compte à présent que je passais peut-être plus de temps à observer la vie derrière un microscope qu’à la regarder à échelle 1. A échelle 1, ça me déprimait trop je crois. Je voyais la connerie humaine dévaster le vivant et ça me rendait malade. Alors j’étais mieux au labo, à regarder la magie de ce qui survivra à l’humain. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
Lu dans le cadre du Jury des 68 Premières Fois
Comments