Deux femmes se croisent à Bahreïn. L’une voyage vers l’Inde, pays d’enfance de son père qui vient de partir. L’une retourne à Kaboul, au chevet de son père malade.
Par une correspondance ratée, elles se retrouvent à partager un taxi, puis à attendre leur prochain vol dans un hôtel.
Des premières banalités échangées, l’Inde les lie et les confidences commencent. La narratrice s’apprête à découvrir le pays de son père, l’Inde. Elle le connait par les récits que son père lui contait. Elle connait ses couleurs et ses traditions par les souvenirs d’enfance de son père. Meena, elle, y a vécu. Elle a passé les premières années de son enfance en Inde, dans le Kerala. La confiance entre les deux femmes est posée, alors Meena raconte…
Elle pose les mots sur l’enfance heureuse avec son frère jumeau, au milieu des lianes de poivrier, à jouer au cerf-volant. Elle se souvient de la déchirure de quitter son Inde natale pour l’Afghanistan. De son arrivée lors des premières neiges et du froid qui la saisit. De ses études sérieuses et de sa promesse de retourner en Inde dès qu’elle le pourra.
Cependant la guerre viendra contrarier ses plans et alors ce sera encore l’exil. Les routes périlleuses, les frontières traversées avec son mari. Puis un nouveau pays, une nouvelle ville. Berlin.
A nouveau, il lui faudra apprendre une nouvelle langue, comprendre les us et coutumes, s’intégrer.
Une nuit, et le récit d’un exil.
Une nuit, et une rencontre qui marque à jamais.
A travers le parcours de Meena, l’exil est conté avec poésie et sensibilité. Des chemins inattendus qui façonnent une vie et la transforment à jamais.
Ce très beau livre parle avec beaucoup de lumière, des rencontres improbables et des amitiés qui naissent au détour d’un voyage, d’une rue ou d’un événement.
Il y a parce qu’on a osé lever son regard, rendre un sourire, proposer la place libre près de nous, la naissance de belles rencontres.
Un livre qui offre une bulle d’humanité.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Rien ne se perd tout à fait, tant qu’on a notre mémoire. C’est comme les morceaux d’un puzzle. Un jour, ça se met ensemble et vous ne comprenez pas pourquoi vous n’aviez pas vu plus tôt où il fallait les placer. »
« Nous nous étions croisées dans l’incessante danse des atomes. Deux flammèches qui brillent au hasard d’une soirée, quelque part à la surface de notre planète. »
« Je crois que nous avons tous besoin de savoir qui nous sommes, même s’il faut pour ça traverser des océans et des continents. Ce peut être la couleur d’un paysage, la musique d’une langue, ou la réponse à une simple question. »
« Devant moi, il y avait le vide et ce qui reste sans réponse après les départs. J’ai pensé à l’écran où je suivrais le vol de l’avion, à ces zones qui s’éclairaient ou s’assombrissaient selon l’heure et le lieu. Comme les vies se croisent, l’espace d’un éclair, bref et intense. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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