« Mon vrai nom est Elisabeth » d’Adèle Yon aux Editions du sous-sol
- quandleslivresnousparlent
- 10 juin
- 2 min de lecture

Par un texte hybride, l’auteure part sur les traces de son aïeule. Entre son sujet de thèse, un histoire sentimentale compliquée, des questions sur soi, l’auteure interroge sa famille et enquête. Elle veut comprendre la fragilité et le poids des non-dits qui pèsent sur les femmes de sa famille. Pourquoi on s’inquiète quand elles élèvent la voix ? Pourquoi on s’emporte quand on les découvre fumant un joint à une fête entre adolescents ? Pourquoi il existe des messes basses quand le moral oscille entre euphorie et mélancolie ?
Des photos, des lettres, des interviews auprès de ses proches. Des recherches, des documentaires, des essais. Des rencontres, des visites, des voyages sur les lieux familiaux.
Dans ce livre à la forme et à l’écriture hybride, les recherches de l’auteure se mêlent à des documents personnels, ses notes s’entremêlent à des passages plus scientifiques, les voix de sa famille se mêlent à la sienne.
En effet, la narratrice a décidé de plonger dans la vie de son arrière-grand-mère, Élisabeth. De ses nombreuses recherches, ce roman en quatre parties est né.
Elle a voulu comprendre, cette arrière-grand-mère, internée pendant presque deux décennies. Une femme à qui on fait subir de nombreux traitements dont la lobotomie. Une femme qu’on disait fragile, coléreuse, rieuse, un peu folle quand même à demi-mots. Une femme qui n’a pas pu élever ses six enfants. Une femme mise de côté dans sa famille. Une femme qu’on a privé de sa liberté.
Un road trip familial entre les silences, le travail d’enquête, les secrets de famille.
Car oui, le silence est maître dans cette famille. Il est rare de poser des questions. Il est mal vu d’interroger ces proches.
Il y a des sous-entendus mais jamais d’explication. Il y a des sous-entendus pour les femmes de cette famille, rarement pour les hommes. Elles seraient plus fragiles, plus sensibles, plus enclines à la colère voir à l’hystérie. Alors on les met en garde dès l’adolescence, mais sans plus d’explications.
Entre les secrets qui se démêlent, entre les sujets développés, entre ce qu’on apprend dans ce livre très bien documenté, la narratrice explore l’évolution de la place des femmes dans la société et notamment dans la famille ; la violence subie par les femmes ; le poids de l’hérédité et le progrès de la psychiatrie au cours du XXème siècle.
Un récit de famille passionnant et enrichissant.
Le passage du livre qui m’a touché :
« Je crois qu’on sait quand on arrive à la juste place, et sait quand on arrive à la juste place, et quand on y arrive, on a justement tendance à moins vouloir réfléchir, à quitter les histoires pour être dans l’action, pour être dans le présent. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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