Jean est médecin de famille. A vélo, il visite ses patients avant de se rendre à son cabinet où une salle d’attente pleine l’attend. Tous les jours, il soigne, répare et surtout écoute. Des histoires, ses patients lui en racontent tous les jours.
Alors Jean, et surtout l’auteur qui se cache derrière son personnage qui lui ressemble beaucoup, pose des mots sur ces histoires qui ne se terminent pas toutes par un happy end. Il raconte ces liens qui se créent avec certains, les histoires qui l’ont émues, celles qui l’ont mise en colère. Jean en a des sentiments mais il n’arrive plus à pleurer. Ses larmes sont bloquées en lui et il se demande à quel moment, il va arriver à lui aussi lâcher les vannes, sans honte, juste pour lui aussi clôturer une histoire qui le hante.
Avec de l’auto-dérision et beaucoup de sincérité, Baptiste Beaulieu nous conte son quotidien de médecin. Une profession qu’il a choisie et qu’il exerce avec passion mais qui par le manque de moyen et les déserts médicaux, a un impact sur sa vie privée et ses propres émotions.
Et l’auteur s’interroge : Peut-on être un bon médecin quand on n’a plus de larmes face à la maladie de ses patients, à la violence de leur vécu et surtout face à leur courage ?
Un roman qui oscille entre rire et larmes. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages mais aussi de la colère et des moments de tristesse. Il y a du vrai autour de notre système de santé. Il y a surtout beaucoup d’humanité et de lumière dans ce livre.
Une très belle lecture qui fait du bien et qui replace la solidarité et les liens humains au centre de tout.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Et si on confondait le fait d’être heureux avec le fait d’être momentanément distrait de notre chagrin quotidien ? »
« C’est incroyable, le pouvoir d’un sourire, ça nous saisit le visage comme un baiser déposé directement sur le cœur. »
« Un visage, ça va toujours avec une histoire, et quand tu connais cette histoire tous les visages deviennent bouleversants. »
« Je sais, je sais, vous vous attendiez à une fin heureuse, un happy end, mais non. On est dans la vraie vie, celle des déserts médicaux, des temps de consultation disponibles raccourcis et des services sociaux qui dégueulent donc dégringolent, quelle dinguerie, et dans cette vie-là vous ne pouvez pas sauver des gens à coups de quart d’heure hebdomadaire. »
« « ça », c’est le sel de la vie. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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