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"Pour que je m'aime encore" de Maryam Madjidi, aux éditions Le Nouvel Attila



Avec beaucoup de fantaisie et de sensibilité, Maryam Madjidi, nous conte le quotidien d’une adolescente qui cherche sa place tout en étant constamment tiraillée entre sa double culture franco-iranienne et sa vie en banlieue alors qu’elle rêve de vivre à Paris.


La narratrice vit à Drancy et nous partage les moments de sa vie d’adolescente avec beaucoup d’humour : son rêve d’avoir les cheveux lisses comme les héroïnes des séries américaines qu’elle regarde à la place de ses cheveux bouclés indomptables qu’elle tente d’aplatir à coup de barrettes ou de lissages ratés, son monosourcil à la mode en Iran mais sujet de moqueries à l’école et ses vêtements de seconde main quand ses amis portent les dernières Reebok et sweat de marque.


Ce sentiment d’être différent et d’avoir du mal à s’intégrer, continuera avec son entrée dans l’âge adulte quant à 18 ans, elle entre dans une prestigieuse prépa parisienne et fait partie des quatre «élèves de banlieue » choisis pour les quotas. Là, elle découvre les inégalités, le décalage dans le niveau des cours enseignés selon la situation géographique du lycée et cette impression d’être « nulle » alors qu’elle a toujours été une excellente élève.


Cette recherche d’intégration est le fil conducteur de l’histoire. De l’adolescence à l’âge adulte, la narratrice cherche sa place. Ce roman décrit le tiraillement et raconte les moments de cette construction où on s’interroge, on part à la découverte d’autres endroits, on frôle le succès ou on échoue. En devenant « adulte » on s’accepte enfin et on arrive à se poser, à avancer et même à retourner d’où on vient pour quelques jours ou définitivement.


L’auteure rend un très joli hommage à la ville qui l’a vu grandir ainsi qu’aux lieux et aux habitants qui l’anime comme ses professeurs et la bibliothécaire.


Elle parle de ses rêves, de sa passion des livres et de l’écriture. Elle raconte sa fuite vers la capitale pour finalement revenir au point de départ, à ses racines, dans « sa ville ».


Ce roman est une ode à l’optimisme et à l’acceptation de soi.


Une histoire douce et poétique, de l’humour sur nos complexes d’adolescents, de magnifiques passages.


Une jolie découverte.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Ma force c’était mon monde intérieur, fait de livres, de rêves, de textes. »


« Mes yeux s’ouvraient aussi sur les mondes romanesques des livres que je dévorais. Les Tom-Tom et Nana, les livres de la bibliothèque rose, les romans d’Azouz Begag puis ceux de Maupassant, de Zola.»


« Je les salue, ces femmes et ces hommes, véritables machines de guerre de la ZEP. Leurs méthodes pouvaient être critiquées et controversées, ils usaient parfois de la violence, de l’intimidation, de la menace mais ils connaissaient très bien le terrain et ils cernaient tout de suite le profil de l’élève. Ce sont eux qui m’ont donné envie d’étudier, de réussir, de croire en moi et de me sortir de la tête l’idée que je venais d’une banlieue et d’un collège poubelles. »


« Je quitterai Drancy pour aller à Paris. Je quitterai Paris pour aller à Pékin. Je quitterai Pékin pour aller à Istanbul. Je quitterai Istanbul pour revenir à Paris. Je quitterai Paris pour revenir à Drancy. Ulysse est rentré. Entre le départ et l’arrivée, je n’ai fait que me fuir moi-même en croyant fuir l’ennui. »


« Longtemps, je me suis ennuyée en classe. Une main posée sous mon menton, l’autre tenant mon stylo, je fixais le grand tableau blanc sur lequel je projetais des scènes de sitcom où je papotais avec Brenda, dansais avec Michael Jackson, embrassais Kevin Costner sur « I will always love you » de Whitney Houston. Sur le tableau blanc, j’écrivais mon évasion de la classe, du collège, de la banlieue, du monde extérieur qui m’entourait. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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