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« Que reviennent ceux qui sont loin » de Pierre Adrian aux éditions Gallimard




Chaque été, depuis l’enfance, le narrateur passait ses vacances dans la maison familiale en Bretagne. Une maison où plusieurs générations se côtoient, où les familles vont et viennent, où les cousins se retrouvent.


Après avoir délaissé pendant sa vingtaine, les retrouvailles et les habitudes estivales pour d’autres plages, d’autres lieux plus exotiques, le narrateur revient sur les lieux de ses vacances d’enfance.


Il retrouve la maison familiale, les objets qui la composent, les habitudes qui n’ont guère changé. Les journées d’hier ressemblent à celles d’aujourd’hui. Le temps se décompose entre les aller-retours à la plage, les temps calmes où les plus jeunes ont le nez dans leur cahier de vacances et les plus âgés somnolent sur un transat, les repas partagés et les soirées à trinquer au bar du village.


En reprenant sa place parmi les siens, le narrateur retrouve les mêmes paysages. Aucune pelleteuse n’est venue détruire les lieux familiers, la mer et le décor qui l’accompagne, ont été préservés. La maison renferme les mêmes odeurs. Les objets ont conservé leur place. Les amis d’enfance ont grandi et sont toujours présents pour danser ou partager un verre. Les chambres changent d’occupants au gré des allées et venues des membres de cette famille. Les juilletistes croisent les aoûtiens. Et puis, il y a les chanceux qui peuvent étendre leurs vacances et jouer les prolongations sur les deux mois.


En revenant sur les lieux de son enfance, le narrateur replonge dans ses souvenirs. Il se remémore ce quotidien fait de lenteur, d’habitude, de joies simples et de partages. Seulement, il n’est plus l’enfant, celui dont les pieds nus frôlaient l’escalier de bois pour rejoindre la cuisine le matin ; celui qui passait ses journées entre les baignades et les châteaux de sable ; celui qui poussait par un cousin plus âgé faisait ses premières bêtises ; celui qui chuchotait le soir dans le dortoir avant de sombrer par ces journées rythmées. Il est devenu l’adulte.


Alors avec ce regard d’adulte, il observe la nouvelle génération, ses jeunes cousins qui ont pris sa place au dortoir, ceux qui ont désormais l’âge d’être sur la piste de danse à ses côtés. Il voit le temps défiler sur le visage ridé de sa grand-mère ; sur celui apaisé de ses oncles et tantes qui vivent avec le paysage de son enfance chaque jour, s’étant lestés des obligations professionnelles.


On referme ce livre en rêvant aux vacances prochaines, à ceux qui vont les partager avec nous et en se promettant de chérir ceux qui nous entourent.


Les paysages de bord de mer se dessinent au fil des pages et par la poésie des mots, leur beauté se révèle.


Il y a une nostalgie qui se dégage de ce livre. Les souvenirs des vacances d’été se remémorent. Le passage de l’enfance à l’âge adulte est raconté avec beaucoup de douceur.


Ce roman est une ode à la lenteur, à profiter des choses simples et surtout des gens qu’on aime.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Chaque année se rejouaient ici les mystères d’une vie entière résumée en quelques semaines. Il y avait d’abord la monotonie des jours qui se confondent. Et puis l’attente. Avant le basculement de la mi-août, la précipitation douloureuse des dernières soirées dans la lumière d’automne, déjà. La fin. Août était le mois qui ressemblait le plus à la vie. »


« Un groupe passa, portant le ciré jaune comme un uniforme. Ils n’étaient pas d’ici. Je souris, pensant qu’on était toujours le Parisien de quelqu’un d’autre. »


« Si notre pays est celui où l’on a les plus grands souvenirs, alors j’étais d’ici. Alors j’étais de cette terre entre dunes, champs et bruyères, de cette presqu’île lovée entre deux bras de mer. »

« On ne prenait pas rendez-vous pour un baiser. »


« Ainsi les objets de toujours assistaient-ils à mon retour nocturne. Ils étaient les témoins de nos secrets, de nos épiphanies. Les objets savaient tout. »


« Vinrent le jour du départ et l’heure du dernier bain de mer. Dans le matin frais, je me forçai à descendre sur la plage afin de n’être soumis à aucun regret. J’anticipais la sensation déconcertante de retrouver Paris avec la peau tirée par le sel. C’est un luxe inestimable de dire aux autres ou à soi-même, une fois rentrée en ville : ce matin encore, je me baignais dans l’océan. »  


« Quand je lui dis que je me plongeais dans l’eau pour la dernière fois de la saison, il sourit et répondit qu’il avait travaillé dur toute sa vie pour que son dernier bain n’arrivât pas aussi tôt. Il était de ces fêlées qui repoussent l’échéance à la Toussaint, font comme si de rien n’était et se jettent à l’eau le 1er janvier dans les éclats de rire. »


« Sans doute était-ce cela une famille, un enchevêtrement, une tour en Kapla dont l’équilibre précaire tient, coûte que coûte, grâce à la solidité des uns et malgré la fébrilité des autres. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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