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"Que sur toi se lamente le Tigre", d'Emilienne Malfatto aux éditions Elyzad



Ce court roman est magnifique et intense. Avec des mots forts et touchants, Emilienne Malfatto signe un premier roman ancré dans la réalité et chargé en émotions, pas étonnant que ce récit a été salué par le Prix Goncourt du Premier roman 2021.


En Irak, sur les berges du Tigre, une jeune femme a aimé hors mariage. Elle porte l’enfant de cet amour mort sous les bombes. Son sort est ainsi scellé, pour ne pas apporter le déshonneur sur sa famille, elle sera tuée par son frère.


Cette jeune femme retrace son histoire et autour d’elle, chaque membre de sa famille va prendre la parole. A tour de rôle, ils vont raconter leur place dans la société, montrer leur impuissance face à cette sanction irrévocable. Ces chapitres expriment leur dilemme intérieur, le poids des règles et du système qui les ronge et qui les rend prisonniers. Ils sont devenus résignés.


A ce roman choral, le Tigre, le fleuve qui traverse l’Irak, raconte la mémoire du pays qu’il porte dans ses eaux. Il offre des moments poétiques au récit tout en traduisant la réalité cruelle qui existe dans ce pays : la guerre et la place des femmes aujourd’hui en Irak, dans une société réglée par un code désuet et dirigée par les hommes. Ces femmes courbées, les yeux baissés, passent de l’autorité d’un père ou d’un frère à celui d’un mari.


Par son expérience en Irak et son métier de journaliste, l’auteure décrit les faits avec sincérité et réalité dans un style maîtrisé, épuré et poignant. Chaque mot choisi a un sens et est répercutant dans le récit et en 84 pages, la réalité de la guerre, de l’amour, de la place des femmes et de la mort est racontée avec beaucoup de précision et de subtilité. Une mise en lumière saisissante.


C’est un roman coup de cœur, qui m’a mis KO. C’est une histoire bouleversante à lire.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Ma vie s’est déroulée derrière des murs et des voiles, dans la soumission aux hommes et dans ce monde si particulier des femmes d’ici qui opère comme un miroir déformant sur les êtres et les choses.»


« Je suis le lâche, celui qui désapprouve en silence. Je suis la majorité inerte, je suis l’homme banal et désolé de l’être. Je suis le frère de ma sœur qui aime et qui comprend. Je suis le frère de mon frère qui respecte l’autorité de l’aîné. Je suis celui qui condamne les règles mais ne les défie pas. Je suis le complice par faiblesse. »


« Ce jour d’avril à Bagdad est resté comme une esquisse de ce qui aurait pu être si nos femmes étaient libres. »


« Notre corps ni notre honneur ne nous appartiennent. Ils sont la propriété familiale. La propriété de nos pères et de nos frères. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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