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"Si seulement la nuit", d'Alice Rahimi et Atiq Rahimi aux éditions POL



Mars 2020, premier confinement, Atiq Rahimi et sa fille Alice sont séparés dans la même ville. Ils commencent alors un échange par mail.


Leurs premiers échanges portent sur leur vie pendant ces instants suspendus, des livres conseillés, des musiques à écouter.


Puis au fil des semaines, leurs écrits deviennent plus intimes, plus philosophiques aussi parfois. Ils parlent de leurs arts : le cinéma, les livres, le théâtre. Ils se confient sur leur propre solitude, leur doute et leur rapport au temps et notamment le lien avec leurs activités : il n’arrive pas à écrire une ligne de son prochain roman, elle ne peut pas jouer en visio. Ils discutent politique et exil. Alice interroge son père, écrivain et cinéaste d’origine Afghane sur son histoire familiale. Elle veut comprendre ses origines en tant que fille d’exilé. Atiq Rahimi se confie sur son enfance en Afghanistan, son premier exil en Inde puis sa fuite avec son épouse vers la France et leur traversée. A travers leurs échanges, c’est le passé qui ressurgit.


Leur correspondance s’est poursuivie pendant tout ce confinement et a repris en octobre 2020.


L’écrit devient un nouveau mode de communication entre un père et sa fille. L’écrit devient le meilleur des confidents. L’écrit pour discuter autrement.


Ils posent des mots par écran interposé pour se raconter, oser les confidences intimes, laisser son cœur et ses sentiments s’exprimer librement.


Le lien entre ce père et sa fille est très touchant. Ils se (re)découvrent grâce aux mots.


Le récit d’une transmission aux mots bouleversants et intimes.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Alors, aujourd’hui, je vis avec le seul présent. Comme une herbe de ton jardin. L’herbe qui pousse dans ton petit jardin n’a pas de projet non plus, elle met toute son énergie au présent, elle n’a pas le temps. Elle est bien trop occupée. »


« A mon âge, tu fuyais la guerre, la terreur, la souffrance. Tu décidais de quitter l’Afghanistan pour un avenir meilleur mais si incertain. Il fallait que tu partes pour vivre.

En traversant la frontière, en laissant votre pays derrière vous, vous m’avez donné la possibilité de naître et de vivre dans un pays plus libre. Et me voilà, moi, à l’âge de vingt-trois ans, confinée dans mon studio afin de me protéger et d’essayer, à mon échelle, de stopper la propagation de ce satané virus. »


« Vivre pour ce souvenir. Être le souvenir de quelqu’un. Se souvenir d’un instant, s’emparer de ce moment avec un appareil. Par peur de l’oublier. Capturer la lumière, les regards, les goûts, les couleurs de cet instant ; les saisir pour en avoir une trace, et en laisser une. »


« On dit de l’écriture de soi qu’elle nous permet de partager nos expériences existentielles avec d’autres. Ou de découvrir le fondement et la structure de notre identité. Ou d’économiser les séances d’analyse. »


« Ma voix évitait de s’interroger sur les détails. Elle ne racontait que des faits dans leur ensemble, alors que par écrit, mes doigts cherchent l’interrogation, le sens caché des faits et des choses, les différentes possibilités d’existence de mes histoires. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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