Le village d’Inzerki, dans les montagnes du Haut Atlas, abrite le plus ancien rucher collectif du monde, le rucher du Saint. Chaque famille a ses ruches. Chaque famille s’occupe de ses abeilles et récolte les kilos de miel. Chaque famille pense à donner une partie de ses récoltes aux plus démunis, rituel pour éloigner le mauvais œil.
Anir, petit garçon de 10 ans, a grandi au milieu de ces montagnes et de ces ruches. Il regarde avec attention les gestes de son grand-père, pour un jour, les reproduire à son tour. Il écoute avec passion les histoires de son grand-père autour des abeilles, des légendes du village et de la nature qui les entoure, pour un jour les transmettre, à son tour.
Anir est rêveur et solitaire. Il préfère regarder les aigles voler au-dessus de lui, observer les abeilles butiner et faire leurs aller-retours des potagers jusqu’au ruches, se perdre dans les bois aux-alentours. Surtout, Anir préfère les balades au lever du jour, quand le village est endormi. Là, il peut glisser sa main dans celle de sa mère et laisser leur pas les guider au rucher. Sa mère, au regard vide, qui ne parle plus. Sa mère, mise à l’écart du village.
De ces balades au milieu de la nature du sud marocain, de ces déambulations dans le rucher du Saint, de ces légendes qui le bercent depuis l’enfance, Anir observe la nature et constate cette terre de plus en plus chaude, les sources qui se tarissent, la pluie qui ne vient plus malgré les prières, la récolte du miel qui s’amoindrit et les reines qui se meurent.
Anir observe et écoute les silences.
Un conte tout en douceur et en poésie.
Une balade lumineuse qui apporte réflexion sur cette nature qui se transforme, les changements des paysages qui nous entourent et la disparition des êtres vivants qui cohabitent avec nous.
Dans le même temps, une belle histoire de filiation avec ses silences et ses secrets.
Des légendes, des valeurs et des gestes qui se transmettent.
Un très beau roman.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« La femme a toujours aimé cette heure où tout se réveille, le vent, les arbres, les oiseaux, ce moment où même l’âne s’étire, tout sauf les hommes, c’est comme si elle se retrouvait gardienne de la terre. »
« (…) tous ceux qui ont un jour été là refont ce geste à travers eux, en même temps qu’eux ; et ce grand-père et cet enfant deviennent tous les pères et tous les fils de ce monde qui échappe, pour un instant et à chaque fois, au temps. »
« On y trouve des palmiers dattiers, des arganiers, des caroubiers, des chèvres. Des aigles, des fourmis, des serpents, des abeilles – et l’Histoire, lointaine. On y trouve des odeurs de lavande, de menthe, des parcelles cultivées maladroitement, des tomates, des enfants, une mosquée, des vieux qui jouent aux cartes sous l’arganier centenaire – les hommes qui s’accrochent. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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