
Le joli mois de mai. Ses rayons de soleil qui annoncent l’été. Ses ponts qui prolongent les weekends. Mois qui invite à la légèreté.
Quatorze ans, l’âge de l’adolescence. Un pied de l’enfance avec les pitreries entre potes, un regard lointain vers le monde des adultes. Les premières fêtes, les premiers flirts, la légèreté de l’âge.
Quatorze ans en mai dans un lit d’hôpital. Des insultes en cascade sur les réseaux sociaux, des moqueries permanentes dans les couloirs du collège, de la haine du matin au soir, de la violence du soir au matin. L’envie de disparaître et un jour, le saut dans le vide pour cesser d’entendre les injures.
Gabriel a subi le harcèlement de ses camarades et n’a pas su trouver les mots pour raconter aux adultes la violence qu’il subissait.
C’est dans sa chambre d’hôpital que se succède son père, Martin et Romane, professeure de français de son collège.
Ils confient leur colère, leur honte, leur culpabilité. Ils chuchotent à l’oreille de Gabriel des mots d’amour, de réconfort, d’espoir et d’avenir. Ils occupent leur tête et leurs mains en attendant le réveil et une nouvelle page à écrire.
Chacun raconte. Chacun parle. Leurs mots et émotions s’alternent.
Sur son lit d’hôpital, Gabriel se confie en pensée. Sur le chemin entre l’hôpital et son appartement, Martin parle de son plus beau rôle : être père. Lui l’adulte timide et maladroit, le poète rêveur, a sa main glissée dans celle de son petit garçon. Dans cette chambre d’hôpital, Romane lit des poèmes à Gabriel. Dans les bars qu’elle côtoie le soir, elle noie les mots qu’elle tait dans l’alcool fort et les pistes de danse. Elle aimerait crier mais qui l’entendrait ? Elle aurait aimé que les livres lui apprennent comment aider un adolescent. Elle se sent seule face au drame.
Un magnifique roman choral qui traite d’un sujet fort et malheureusement toujours d’actualité : le harcèlement scolaire.
Une écriture à la fois touchante et lumineuse pour poser les mots des victimes et de leurs proches.
Un roman coup de poing et nécessaire.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Elle est cette fille qui rit comme tout le monde, se révolte comme tout le monde, se trompe comme tout le monde, refuse comme tout le monde, cède comme tout le monde, cette fille qui aime les chemins tracés autant que les bas-côtés, les matinées de novembre autant que les soirées d’été. »
« Il y aurait beaucoup de phrases à écrire sur le hasard, la fatalité, beaucoup de fils à tisser ; l’écrivain pourrait s’en donner à cœur joie. Le père, lui, maudit simplement les trous bleus. »
« Je me suis souvent dépêché de vivre ; parfois, j’ai pris mon temps. »
« Du temps a passé, et j’ai aimé, et j’ai souffert, fait souffrir, raté, réussi. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
Comments