Rose est une jeune femme de 40 ans qui est en colère contre la vie et qui se laisse porter par les années sans vraiment vivre. Le décès de son père, Haru, qu’elle n’a jamais connu, la conduit à abandonner sa vie en France, ses amants d’un soir et son travail de botaniste et à fuir au Japon où l’attend une lettre d’Haru.
Arrivée à Kyoto, elle est accueillie par le bras droit de son père, Paul, l’intendante de la maison d’Haru, Sayoko et une extravagante anglaise et amie d’Haru, Beth. Tous les trois ont été proches d’Haru et vont guider Rose dans sa découverte du Japon, de son père et d’elle-même. Paul suit à la lettre les dernières volontés d’Haru et emmène Rose dans une visite de Kyoto à travers les temples et les jardins qu’il a choisi de lui montrer pour qu’elle apprenne à le connaître et comprenne le pays de ses racines. Rose découvre ainsi le Japon à travers les yeux de son père et les histoires des anciens que lui raconte Paul. Ils apprennent à se découvrir dans ses ballades et à se dévoiler, Paul ne la laisse pas indifférente et malgré son « caractère d’emmerdeuse », elle sait qu’elle compte pour lui également. Elle va ainsi baisser ses armes et laisser ce voyage initiatique la conduire à se trouver et à rencontrer l’amour alors qu’elle n’y croyait pas.
D’abord très en colère contre la vie, le Japon, par ses pierres, ses fleurs, ses pluies, ses mets et son saké, va calmer Rose. Elle va apprendre à regarder autour d’elle, à accepter le temps présent et à s’ouvrir à ceux qui l’entoure. L’île de son père va l’apaiser et l’amener aux confins d’elle-même.
Ce livre est magnifique et ressemble à un conte philosophique par la nature qui est omniprésente et par ces chapitres qui s’ouvrent tous sur une légende japonaise et son proverbe.
Ce roman nous recentre sur des choses simples : les paysages, les fleurs, le temps, les gens qui nous entourent, l’importance du don et de l’amour. Par l’écriture poétique de Muriel Barbery, le livre nous berce et nous fait voyager. On y ressent tout ce qui compose le Japon : ses couleurs, ses paysages, ses lieux touristiques (et même l’heure à laquelle y aller pour éviter les cars touristiques !), ses odeurs et sa cuisine.
« Une rose seule » est un très beau roman sur l’éclosion d’une jeune femme comme une rose qui va faire tomber ses épines et laisser ses pétales s’épanouir à la rencontre de l’autre et du pays qui coule dans ses veines.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Le Japon est un pays où on souffre beaucoup mais où on n’y prend pas garde, dit l’Anglaise. Pour récompense de cette indifférence au malheur, on récolte ces jardins où les dieux viennent prendre le thé. »
« Dans l’encadrement de la baie, les crêtes bleutées des montagnes se perdaient dans une brume de beau temps qui montait de la terre, effaçait arrêtes et dénivelés, vernissait le monde d’une encre invisible, d’un lavis translucide et puissant. »
« La vie est transformation. Ces jardins sont la mélancolie transformée en joie, la douleur transmuée en plaisir. Ce que vous regardez ici, c’est l’enfer devenu beauté. »
« Devant une fleur d’une beauté extrême, les pétales en éclair de diamant, les étamines comme des traits d’encre claire, Haru lui tendait la main en disant : Tu prendras le risque de la souffrance, du don, de l’inconnu, de l’amour, de l’échec et de la métamorphose. Alors, de même que la fleur de prunier est en moi, ma vie entière passera en toi. »
« Les murs ne sont rien sans le jardin, le temps des hommes sans l’éternité du don. »
« En cette époque à l’envers qu’on nous vend pour moderne, c’est ton âme japonaise qui possède le pouvoir de transformer le désenchantement et l’enfer en un champ de fleurs. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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