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"Hors de toi", de Sandrine Girard aux éditions Calmann-Lévy



Tu as 5 ans, 10 ans, 25 ans, puis à nouveau 7 ans, 13 ans ou 18 ans et tu nous racontes par fragments ton histoire. Comme les pièces d’un puzzle, les morceaux de ton récit s’assemblent à la fin.


Alice est une petite fille dont les parents divorcent alors qu’elle a 5 ans. Elle ne voit son père plus qu’un weekend sur deux et la moitié des vacances scolaires. Alice grandit entre la violence verbale de sa belle-mère et la violence physique de son beau-père. Elle grandit en se créant des carapaces autour d’elle, en se mettant dans une bulle pour échapper aux mots et aux gestes qui font mal. En alternant les âges, Alice nous raconte son enfance, son adolescence, les études de lettres dans lesquelles elle s’est réfugiée et les personnes qui lui ont apporté soutien, moments de bonheur et d’insouciance.


L’histoire monte crescendo, on sent la colère et la souffrance que la narratrice a enfoui en elle et qu’elle libère à travers les pages pour se débarrasser du secret qu’elle garde depuis une quinzaine d’années et qui la consume.


On comprend dès le départ que la narratrice a subi de la violence dans son enfance. On découvre à la fin l’horreur de cette violence. Les fragments nous parlent de la peur, de la souffrance, de la survie mais aussi de la reconstruction d’une enfant, d’une adolescente et d’une jeune femme.


C’est un texte poétique qui se lit d’une traite. On retient son souffle pendant toute la lecture. Le récit est prenant. Chaque lieu a son nom en lien avec les émotions que la narratrice a ressenti et des moments de joie ou de douleur qu’elle a connus. Des lieux aux noms poétiques mais chargés d’émotions.


La douleur est racontée à travers la musicalité des mots et l’emploi de la deuxième personne du singulier pour prendre de la distance avec les faits.


Un roman qui couple le souffle. Un roman qui libère la parole. Un magnifique et saisissant premier roman à découvrir.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Mais ce qui vous unit, surtout, Sarah et toi, ce qui signe votre appartenance l’une à l’autre depuis la première seconde, c’est cette manière unique dont vos fêlures se complètent. Cette étrange et émouvante façon qu’ont vos émotions d’entrer en résonance pour rétablir l’équilibre et produire, ensemble, un immense souffle de joie. »


« « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » La devise de la khâgne s’étale en capitales au-dessus du tableau. »


« Votre plus grand plaisir : marcher dans la nuit. Bras dessus, bras dessous, arpenter les rues désertes et sombres en chantant à tue-tête. Sur la plus grande place, prendre le vent de face et fermer les yeux. Vous êtes deux gamines joyeuses et délurées. Deux toutes petites filles de dix-huit ans qui rient sous cape et sautent dans les flaques. Amies marquées au fer mais qui cultivent la vie sans trop savoir comment. Et qui se sont trouvées. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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