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"Les petites", de Nathalie Bianco, aux éditions Sixième(s)



Les petites, c’est le surnom de Kadi, Myriam et Faouzia. Leurs familles auraient très bien pu aussi les appeler, « les inséparables » car ces trois petites filles sont toujours ensemble. Jamais, dans leur quartier, on n’en croise une sans les deux autres. Entre la téméraire, la rêveuse et la timide, un lien d’amitié extrêmement fort les unit. Elles se sont jurées d’être amies pour la vie.


Elles grandissent dans les années 80, dans une cité de Villeurbanne. Elles connaissent chaque habitant, chaque recoin de leur quartier et ont coloré les tours avec leur amitié et leurs yeux d’enfant. Ensemble, elles ont créé leur entreprise de détective en herbe dans la cage d’escalier du bâtiment 26. Et là, avec leur bureau en carton, leurs talkies-walkies en pot de yaourt et leurs gadgets du Picsou Magazine, elles deviennent les héroïnes de leur imaginaire, aussi intrépides et malicieuses que leurs modèles : Fantômette puis les Drôles de Dames.


Kadi qui vit seule avec sa mère, a trouvé dans les familles de ses amies de l’amour, des bras pour la cajoler, des goûters pour la réconforter et des appartements où les rires et les bavardages forment un brouhaha agréable à ses oreilles habituées au silence et à la solitude.


A l’adolescence, Kadi est contrainte de quitter la cité pour Ivry-sur-Seine où sa mère a trouvé un nouveau travail. Kadi souffre de cette séparation. Elle retourne à sa solitude. Malgré les lettres des premiers mois, les kilomètres les éloignent peu à peu pour finalement les séparer.


A 50 ans, Kadi est l’assistante personnelle de Charlotte, étoile montante du cinéma français qui après un début dans une sitcom, est la nouvelle actrice que tous les réalisateurs veulent et s’apprête à tourner dans le prochain Tarantino. Avant le tournage, Charlotte a souhaité se reposer et a laissé le soin à Kadi d’organiser les vacances dans une villa du Cap Ferret où se retrouvent son compagnon du moment, un réalisateur doué mais torturé et alcoolique, une actrice quinquagénaire obsédée par sa jeunesse qui ne jure que par la méditation et les jus détox et un jeune journaliste bobo-écolo, à la fois donneur de leçon et enfant gâté. Malgré le cadre idyllique et l’Océan à leurs pieds, les disputes rythment les journées et ce séjour prend vite fin. Alors, pour la première fois, Kadi perd pied


Trente-cinq ans sans se voir, mais c’est auprès de ses amies d’enfance, ses Drôles de Dames, que Kadi court se réfugier. Elle a besoin de les retrouver. Les années ont passé, elles ont toutes connu des moments de grand bonheur mais ont aussi été abîmées par la vie. Alors, elles se rejoignent comme si elles s’étaient quittées hier et vont partir pour une nouvelle aventure comme les héroïnes de leur enfance et surtout comme avant.


Trois petites filles au caractère différent, trois femmes aux vies différentes et une amitié inébranlable. Faouzia est audacieuse et a un côté garçon manqué. Myriam est une grande rêveuse qui ne quitte pas ses robes de princesse et colle des étoiles partout. Kadi est la plus réservée et sérieuse des trois. Elle trouve refuge dans les livres. Des femmes qui portent en elles les petites filles qu’elles étaient hier.


Une histoire d’amitié, de familles imparfaites et de l’amour que l’on crée et qu’on donne autour de soi.


Un récit sur l’amitié mais également une histoire sociale où avec beaucoup de sincérité et d’humour, l’auteure décrit les maux de notre société. Des thèmes forts : le racisme, les violences conjugales, la maladie, sont abordés dans ce récit et traités avec beaucoup de bienveillance et d’esprit. A travers, l’histoire de ces trois femmes, c’est le récit des banlieues qui est raconté. Les murs qui décrépissent, les ascenseurs continuellement en panne, les halls d’entrée squattés, les yeux baissés pour ne pas se faire remarquer, les guerres de gang, le chômage, les problèmes identitaires et la désillusion.


A travers des passages écrits avec un ton humoristique et des moments plus bouleversants, l’auteure raconte avec justesse notre société et dessine un portrait tout en sincérité et douceur de notre époque.


Une très belle plume. Un roman vibrant de sincérité, d’amour et d’humour.


De très beaux portraits de femmes et de mères.


Une magnifique histoire, des personnages touchants et attachants, « Les petites » sont belles et téméraires, de vraies Drôles de Dames !


Les passages du livre qui m’ont touché :


« S’il fallait trouver une couleur pour qualifier les ambiances, je dirais que chez les Benarbia, le quotidien était rouge, orange, jaune, chaleureux et joyeux. Ça criait, ça rentrait, ça sortait, ça s’agitait, ça riait fort : l’amour vous sautait à la figure, ne vous demandait pas votre avis et éclaboussait tout. Chez Myriam et ses parents, au contraire, la vie m’apparaissait plutôt dans des tons doux et frais, du bleu, du vert d’eau, du lilas. Il y avait aussi beaucoup d’amour, mais c’était un amour « duveteux », réconfortant et apaisant, qui vous prenait et vous enveloppait sans même que vous vous en rendiez compte. »


« Je ne suis pas naïve, je sais que mon pays n’est pas parfait, mais c’est le mien, et je l’aime comme ça. Un peu comme les histoires de familles, quand on fait partie d’une famille, on sait bien qu’il y a des choses qui ne vont pas, mais ça ne nous empêche pas de dire que c’est notre famille, et qu’on l’aime. »


« Quand l’une des Drôles de Dames était en péril et lançait un appel à l’aide, elle savait qu’elle pouvait compter sur ses deux acolytes pour lui venir en aide. »


« Nous vivons juste dans un pays imparfait, que moi, je m’évertue à aimer malgré ses défauts, et dont elle, elle n’aura pas réussi à se faire aimer, malgré ses qualités. »


« Au final, reprend-elle, je perdais mon temps, ma vie, à être toujours frustrée, toujours insatisfaite sans bien pouvoir le formuler. Cette maladie, quelque part, ça a été une chance. J’ai pris conscience que les choses sont fragiles, éphémères. J’ai appris à me concentrer sur l’essentiel. J’ai arrêté de me tracasser pour des bêtises. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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