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"La carte postale", d'Anne Berest aux éditions Grasset



Le 6 janvier 2003, la famille d’Anne Berest reçoit une carte postale envoyée de la poste du Louvre, le plus grand bureau de poste de Paris avec comme photographie l’opéra Garnier et au dos, quatre prénoms : Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques. Les prénoms de ses ancêtres décédés dans les camps de déportation. La famille est intriguée puis la carte est rangée avec la multitude de documents et papiers que contient le bureau de sa mère.


Une dizaine d’années plus tard, l’auteure ressent le besoin de se pencher sur cette carte postale et de découvrir l’identité de l’expéditeur. Avec l’aide de sa mère, elle part à la rencontre de ses aïeuls et conte l’histoire de sa famille en remontant jusqu’aux années 1900. Elle va mener une enquête minutieuse pour reconstituer l’histoire de sa famille et raconter les événements historiques du XXème siècle.


A travers cette fresque historique de 500 pages, on suit l’histoire de la famille d’Anne Berest de leur Russie natale, à leur passage en Lettonie avant l’exil en Palestine puis leur arrivée à Paris. Cette famille qui a eu mille vies et qui a su s’adapter à tous les départs que l’Histoire leur a imposés. Ce roman alterne les passages historiques et les recherches de l’auteure. Tout son travail de recherches est minutieusement raconté et expliqué.


Les événements du passé apparaissent par bribes et se répercutent sur le présent de l’auteure en l’incitant à se poser des questions sur ses choix de vie et son identité.


A travers l’enquête d’Anne Berest, on apprend énormément et on approfondit une partie de notre histoire, notamment sur ces années de guerre. Les liens du passé s’imbriquent dans le présent et ce livre nous incite à la réflexion.


Un roman riche et passionnant. On est emporté par l’enquête et l’énigme de la carte postale et aussi par ce bouleversant récit sur ces cinq générations. On avance pas à pas avec l’auteure, on découvre avec elle la vie de sa famille.


Un récit réaliste et sensible. Une écriture très touchante, maîtrisée et précise.


Lire ce magnifique roman c’est ne pas oublier l’histoire et ses côtés sombres, se souvenir des disparus et les reconnaître, apprendre du passé et ne pas recommencer les mêmes erreurs.


Un roman qui parle du devoir de mémoire. Ecrire le passé pour ne pas oublier car les mots et les noms restent quand ils sont imprimés.


Un très grand roman. Un coup de cœur !


Les passages du livre qui m’ont touché :


« J’ai l’impression qu’une mémoire nous pousse vers des lieux connus de nos ancêtres, nous entraîne à célébrer des dates qui furent importantes dans le passé, ou à apprécier des gens dont – sans que nous le sachions- la famille a croisé la nôtre. »


« Tu es toujours pressée, ma fille, a dit Lélia comme si elle lisait dans mes pensées. Mais à la fin de la journée, la nuit tombe à la même heure pour tout le monde, tu sais. »


« Ses doigts tâtonnaient dans le noir, ils fouillaient entre des souches de chéquiers, des factures d’EDF, des agendas périmés et une collection de vieux tickets de cinéma, ces gisants de papier qu’on entasse et que les générations suivantes hésiteront à jeter, quand ils videront les tiroirs de nos meubles après nous. »


« Ce n’est pas facile de juger hier avec les yeux d’aujourd’hui, tu sais. Et peut-être qu’un jour, nos vies quotidiennes seront considérées comme désinvoltes et irresponsables par nos descendants. »


« Il ne faut pas que je les oublie, sinon il n’y aura plus personne pour se souvenir qu’ils ont existé. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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