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"Le roi n'avait pas ri", de Guillaume Meurice



Dans son deuxième roman, Guillaume Meurice nous raconte l’histoire de Triboulet, le bouffon des rois Louis XII et François 1er.


En plus d’être né dans la misère, Triboulet n’a pas été gâté par la nature pour son physique : il est bossu, court sur pattes, boiteux et avec un visage qui fait peur. Maltraité par ses parents, rejeté par sa fratrie et moqué de tous, il est remarqué par le roi Louis XII, lors de la venue de ce dernier à Blois. Triboulet va faire de sa verve et du rire, sa force et un moyen de lutter contre l’humiliation et les horreurs subies.


Louis XII va être surpris par cet être différent des autres et ayant une sacrée répartie. Il va faire de Triboulet, son bouffon officiel.


Dans l’antre des courtisans du roi, Triboulet va être admiré par certains, détesté par d’autres. Beaucoup vont souhaiter sa perte mais grâce au rire du roi, il est protégé. Car tant que le roi rit, la cour est forcée de rire aussi.


Louis XII décide même de lui donner une éducation et Triboulet va suivre son enseignement en compagnie, du futur roi de France, François 1er. Une amitié va naître entre les deux hommes ainsi qu’un respect mutuel. A la mort de Louis XII, François 1er va garder Triboulet, qu’il nomme affectueusement, « Mon cousin », comme bouffon officiel.


Triboulet continue ce qu’il sait faire de mieux : faire rire. Derrière son costume jaune et vert et ses grelots, Triboulet est un homme très instruit, qui par l’enseignement reçu a compris la vie politique de la cour et peut rivaliser avec les penseurs et poètes de l’époque. Grâce à son humour et son esprit vif, il dénonce l’hypocrisie de cette cour. Il se moque des courtisans et des conseillers du roi. Il caricature leurs défauts et leurs comportements. Il tourne en dérision les aberrations de ces hommes collés au roi comme des sangsues et assoiffés de pouvoir et de reconnaissance. Il devient le miroir de de cette société jusqu’à la blague de trop. La blague dont le rire du roi ne résonne plus dans la salle du banquet, où le silence suit la chute, la crainte de tout humoriste. Avec cette plaisanterie qui ne passe pas, Triboulet est ainsi chassé de la cour de François 1er.


Bien que ce roman soit historique, de nombreux sujets évoqués font échos à notre société actuelle.

Ce roman fait réfléchir sur l’importance de la liberté d’expression, de l’humour et notamment comme critique du pouvoir et comme contre-pouvoir de nos politiques. Il interroge sur le rire car peut-on rire de tout ? Tous les sujets peuvent-ils être abordés sur le ton de l’humour ?


Le personnage de Triboulet est une jolie représentation de nos humoristes actuels qui tournent avec dérision les sujets d’actualité tout en nous faisant réfléchir sur notre société.


Alors peut-on rire de tout ? Vous avez le temps de la lecture de ce roman !


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Car une farce est un cadeau en même temps qu’un espoir. Une projection de soi, une attente de retour. Elle cherche le rire autant que la considération et ne tolère pas l’indifférence. »


« Les fortes têtes du royaume étaient-elles si faibles qu’elles craignaient d’être anéanties par une simple farce ? Ou possédais-je un si grand pouvoir ? Celui de mettre à nu les prétentions, de faire tomber les masques des apparences ? »


« Tu es un fou. Un fou qui tient le rôle de garde-fous. »


« Tous les pouvoirs craignent le rire car il est libre comme un torrent de montagne. Alors ils tentent de le maîtriser, de lui donner des contours officiels. D’où ton costume. Fais attention à ne point te laisser emprisonner dans ton rôle. »


« Je le portais immédiatement à mon nez. J’ai toujours aimé l’odeur des livres. Ces effluves de fibres et d’encre me remplissaient chaque fois d’une joie profonde. Le savoir est physique. L’intellect, intuitif. Je me plongeai dans la lecture. »


« Continue à dire au monde qui il est… Tu en dis bien plus dans tes bouffonneries que n’importe quel traité de philosophie…La parole sauve…Le rire aussi…D’une autre manière. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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