« Ce que je vole à la nuit » de Rebecca Benhamou aux éditions Harper Collins
- quandleslivresnousparlent
- il y a 5 jours
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Un nourrisson tout juste posé dans les bras et une poussette rouge qui arpente les trottoirs, l’auteure se souvient de ses années londoniennes. L’arrivée de son enfant la plonge dans ses souvenirs d’étudiante, quinze ans auparavant.
Ses pas glissaient dans ceux de Virginia Woolf. Comme l’auteure anglaise, elle étudiait au King’s College. Comme elle, elle suit un cours de « women’s littérature », l’étude de textes écrits par des femmes.
Elle se remémore les discussions passionnées avec ses camarades autour de la maternité, d’œuvres ou d’une campagne publicitaire qui avait fait débat. Elle se souvient de ses questionnements, des conseils de Dany, cette professeure qui leur conseillait de voler le temps, qui n’émettait pas de jugement mais restait ouverte au débat et à l’écoute.
Ces années étudiantes l’ont plongé dans la vie de Virginia Woolf que l’auteure nous conte tout en entremêlant ses propres souvenirs. La vie de l’écrivaine se dessine, sa douceur, ses peurs, ses passions, ses angoisses, sa sensibilité et sa fragilité. Elle montre l’évolution de la jeune fille fragile à la femme s’assumant et vivant de ses écrits. Elle raconte les premiers écrits dans des carnets aux mots dans la presse.
Tout en évoquant la vie de l’écrivaine anglaise, l’auteure apporte sa réflexion sur la maternité, le changement du corps, du cerveau. Les mots qui se perdent. Le temps qui change de perspective. Il passe plus rapidement et en même temps il apporte un nouveau regard.
La vie de Virginia Woolf s’entremêle avec les réflexions de l’auteure.
C’est un texte d’une grande sensibilité.
Il est à la fois poétique et doux.
Un très beau moment à soi.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Au fond, peu importent nos choix, peu importe que l’on soit mères ou non, nos vies de femmes sont toujours une perpétuelle négociation. »
« Il n’y a que lorsqu’elle écrit qu’elle se rassemble, que tout s’agrège et se consolide, en elle et autour d’elle. Quand elle pose la plume, elle n’est plus sûre de rien. »
« En fait, je n’avais pas perdu mes mots, je les lui avais juste prêtés. Mes voyelles, mes consonnes, mes intonations, mes syllabes, mes champs lexicaux, mes envolées lyriques, mes tics de langage, mes familiarités, ma langue qui fourche, mes expressions imagées … Il n’appartenait qu’à lui désormais d’en disposer, de les prendre ou de les laisser, de les faire siens, de les transformer. »
« Et dans ce temps qui s’étire, se courbe, se noue, je marche, je danse. »
« J’ai appris à voler le temps, comme nous l’avait enseigné Danny, il y a quinze ans. Un temps pour exister un peu, beaucoup, à la folie, entre les pleins et les déliés du quotidien ; profiter de chaque interstice, s’immiscer dans chaque rainure, chaque nervure, et y déposer quelques mots, quelques pensées, qui finiraient bien par se cristalliser. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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