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« Finistère » d’Anne Berest aux éditions Albin Michel

  • quandleslivresnousparlent
  • il y a 12 heures
  • 3 min de lecture

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Ecrire pour conter les siens, dessiner sa famille, s’interroger sur les liens qui unissent les familles, les traits de caractère qui se passent de génération en génération.


Après nous avoir conté l’histoire de sa famille maternelle dans son précédent roman « La carte postale », l’auteure nous raconte celle de la famille de son père.


Son père montrait son amour par les gestes, elle a choisi les mots pour dire le sien. Son père parlait peu, elle fait parler les mots pour le raconter, décrire le lien qui les unissait, combler un peu le manque depuis qu’il est parti. Elle se demande si son père était fier d’elle, elle clame sa fierté d’être sa fille.


Tout en contant son père, elle parle de ses ancêtres : le père de son père, et le père de son grand-père.


Le décor est la Bretagne et plus précisément, le Finistère.


En remontant au début du 20ème siècle, l’auteure retrace l’histoire familiale et un pan de notre société. Elle pose des mots pour raconter son arrière-grand-père à l’origine de la création du syndicat de la pomme de terre, homme engagé sur le terrain puis dans la vie politique. Elle raconte l’homme devenu père, un nouveau métier, le plus beau selon lui. Un père protecteur, un père qui tente de comprendre ce fils qui vit dans les livres, qui se passionne pour le grec ancien. Un père qui se démène pour que son fils, Eugène, puisse étudier à Paris. Eugène qui devient à son tour professeur de grec et de latin. Quand son père maniait les mots en politique et face aux industriels, il enseigne l’origine de la langue et des mots. Et il transmet cette passion à sa petite-fille.


Eugène devient à son tour père. L’enfant se prénomme Pierre, il est le père de l’auteure. Pour Pierre, sa passion, ce sont les mathématiques. Il jongle avec les chiffres. Il aime les expériences, chercher, comprendre. Et il reprend la fibre de l’engagement politique en participant au mouvement du trotskisme. On découvre Pierre, jeune homme plein de fougue, engagé dans le Paris des années 70. On découvre, Pierre, amoureux. On découvre, Pierre, devenir père à son tour.  


Il y a un côté universel dans les pages de ce livre. On se retrouve dans ces mots d’amour, ces mots de filiation.


Les pages sont bouleversantes.


Ce sont les mots d’amour d’une fille à son père.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Personne, hormis les banlieusards, ne peut véritablement comprendre l’expérience que représentait la traversée du périphérique, un changement géographique, une rupture ontologique, une plongée dans un univers dont les codes et les usages nous différenciaient. Un saut entre deux ordres du monde. La banlieue était une zone grise, avec ses propres règles vestimentaires et culturelles. Nous n’étions ni des Parisiens ni tout à fait des provinciaux. »


« C’est peut-être grâce à eux. Eugène et Odile. Que j’aime tant les longs voyages en train. Ils m’ont toujours semblé porteurs d’une promesse sensuelle, d’un ailleurs érotique, d’une vie recommencée, le lieu possible d’une rencontre. »


« Vivre auprès d’un silencieux est une expérience singulière. Chaque geste est un message, chaque regard un fragment de récit. Le silence, loin d’être un vide, se remplit de choses dites, où rien ne se livre entièrement – tout est à la fois clair, limpide, et équivoque. Côtoyer un taiseux, c’est connaître une langue, celle du frémissement imperceptible de la transmission des pensées. Une étrange communion, d’une beauté austère et discrète, qui ne repose jamais sur des choses certaines. »


« Eugène songea que le métier de père était sans doute le plus difficile qui soit. Et que les fils ne s’en rendaient compte que le jour où ils devenaient pères à leur tour. »


« Le monde était ainsi fait. Notre monde. Celui des femmes qui bricolent. Et des hommes qui rêvent. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

 
 
 

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