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« Grand Seigneur » de Nina Bouraoui aux éditions JC Lattès




Il y a les souvenirs qui reviennent, les souvenirs de l’enfance, de celle de son père, les moments racontés et ceux dont on ne se souvient plus vraiment alors on brode, on invente les parties oubliées.


Il y a les moments de bonheur qui reviennent, et aussi ces instants plus tristes.


Il y a les derniers mots que l’on glisse au creux de l’oreille, les derniers mots avant de partir, les derniers mots avant qu’il ne soit trop tard. Les confessions que l’on ne veut pas oublier de chuchoter pour ne pas avoir de regrets.


Ces très belles pages, sont les derniers jours d’un homme, d’un père raconté par sa fille. Ces derniers jours avant de dire adieu. Ces derniers jours accompagnés de toute sa palette d’émotion, de la tristesse à la colère, du rire aux larmes, de l’espoir au déni.


Au fil des pages, le passé et le présent s’entremêlent. Les souvenirs d’enfance se juxtaposent au dernier instant dans cette chambre, le dernier lieu. Une chambre dans un quartier parisien, au milieu des arbres et des fleurs. La vie qui continue à l’extérieur. La vie entre deux dimensions temporelles. Une partie qui est suspendue dans cette chambre, pour les derniers jours. Une partie qui continue à vivre lorsqu’on franchit la porte. La vie en sursis s’oppose à la vie en mouvement.


Le portrait d’un homme. Un père, à la carrure imposante, au regard fier, à la volonté tenace. Un père face à la maladie. Un homme plus faible. Les membres frêles, la fragilité se ressent dans ce corps diminué. Un corps que l’on veut à la fois envelopper pour protéger et en même temps que l’on ose toucher de peur de faire mal.


Un roman aux mots doux et sensibles.


De la tendresse tout le long des pages.


Les mots pour faire son deuil, pour chasser sa tristesse, pour apaiser sa peine.


Une force de l’écriture et de très beaux mots pour conter le lien qui unit un père et sa fille.


Une magnifique déclaration d’amour d’une fille à son père.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Je ressens cependant la puissance de la vie qui, menacée, en sursis, se débat, se déploie davantage qu’à l’extérieur où les hommes, les femmes ne savent pas leur chance de courir, marcher, faire du vélo, héler un taxi, monter dans un bus, s’engouffrer dans une bouche de métro, se rendre au travail, au restaurant, rentrer chez soi. Moi non plus je ne savais pas cette chance qui est, en fait, une habitude, une mécanique. »


« (…) j’ai pensé que les écrivains avaient un temps de retard ou un temps d’avance, qu’ils n’étaient pas constitués pour occuper l’existence en temps réel, que ce léger différé était une façon de déclencher la mémoire avant le souvenir, le récit avant l’écriture. »


« Aucune méthode n’existe pour contenir la tristesse ; nous aurons souvent tort. »


« (…) comme tu le sais l’imagination rend encore plus libre parfois que la liberté. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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