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"Impunité" d’Hélène Devynck aux éditions Seuil



La littérature pour divertir mais aussi pour s’exprimer, s’indigner, sortir du silence et pointer du doigt ce qui doit être su et connu de tous.


Des mots pour apaiser les maux qu’on a enfermé pendant de nombreuses années de peur des représailles. Un livre qui émeut, qui indigne et où il faut du temps pour oser poser des mots et en parler après des mots si forts et bouleversants.


Ce n’est pas de la honte qu’il y a dans ces pages mais du courage. Beaucoup de courage pour écrire et revenir sur un événement traumatisant et trouver la force de le raconter à nouveau. Le courage de ces femmes de parler, de se confronter à nouveau à cette scène horrible qu’elles ont tenté de supprimer de leur cerveau, montrer leur visage, donner leur identité, l’écrire dans la presse, parler et assumer les conséquences sur la vie qu’elles ont construit, sur leur proche, leur vie professionnelle, revivre ces minutes de drame qu’elles ont enfouie au fond d’elle. Laisser les larmes couler à nouveau. Drame sur lequel elles ont continué à vivre. Beaucoup de personnes savaient et n’ont rien fait.


Un livre fort et des mots puissants qui font ressentir beaucoup d’admiration pour toutes ces femmes qui ont parlé, ont affronté à nouveau, ce moment très difficile qu’elles avaient tenté de mettre de côté pour continuer à vivre.


Un livre à lire. Absolument. Et à faire lire. Il est à poser sur les tables de chevet de nos dirigeants pour qu’ils ouvrent les yeux et que les coupables soient jugés même quand ils sont puissants, riches et célèbres.


Un récit nécessaire pour faire avancer notre société ; pour cesser de protéger les coupables mais écouter les victimes ; pour que la honte change de camp et ne soit plus la compagne des victimes mais celles des coupables ; pour ne pas fermer les yeux mais écouter ceux qui parlent, ceux dont la vie est en quelques minutes détruites car elles ont été violées, harcelées, méprisées ; pour arrêter la lâcheté, le silence de ceux qui savaient, pour plus d’écoute, de précaution, de solidarité dans les entreprises pour empêcher ces comportements. Entendre « Je te crois » quand des femmes, des hommes, rassemblent leur courage, mettent de côté la honte et la peur qu’ils ressentent, et posent les mots sur le drame vécu. Moi, je vous crois.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« La nuit est tombée. On a continué à parler. A ce jour, nous n’avons pas arrêté. Elle tient à ce que je rappelle une phrase que j’ai prononcée ce soir-là et qui est devenue un mantra qu’elle se répète chaque jour depuis : « Ce que tu fais est juste. » »


« Qui sait qu’un classement sans suite n’est pas un acquittement ? La confusion profite à l’accusé. Il en fait un brevet d’innocence. Pour une partie de l’opinion publique, nous nous sommes transformées, d’un coup de baguette magique, en embarrassantes menteuses. Les contes ont leurs méchantes fées. »


« Pour renvoyer les victimes dans les ronces, le « parole contre parole » est une habituelle justification de l’impuissance à juger. C’est vite oublier ce qu’accuser coûte à la victime et ce que le mensonge rapporte à l’accusé. »


« Nous ne sommes pas des anecdotes de la rubrique « people ». Nous sommes la banalité des rapports de pouvoir dans un système de violence sexiste ordinaire. »


« On nous dit ce qu’on dit aux femmes depuis toujours : qu’on exagère, qu’on était peut-être d’accord, qu’on ment, qu’on n’avait qu’à changer de métier, qu’on couchait pour y arriver, qu’on aurait dû le dire plutôt ou se taire plus longtemps, qu’on veut faire parler de nous. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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