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"La fille que ma mère imaginait" d'Isabelle Boissard aux Editions Les Avrils



Chère peau de taupe, puisque c’est que « moleskine » veut dire en anglais, à toi je peux te confier que j’ai tellement ri en lisant ce premier roman. Un humour grinçant, des phrases bien placées, des mots mordants pour parler de nous, de nos attentes souvent un peu trop idéalisées, des situations souvent beaucoup scénarisées dans nos imaginations débordantes, de l’analyse de nos vies en trois parties avec thèse et antithèse et puis de nos doutes.


Chère peau de taupe, puisque c’est que « moleskine » veut dire en anglais, c’est comme ça que commence le journal intime imposé par l’atelier d’écriture que va suivre la narratrice sur dix semaines.


A ce cahier, la narratrice, quadragénaire, va confier sa vie d’expatriée, ses déménagements tous les trois ans pour suivre son mari. Fraîchement arrivée à Taïwan, c’est tout un nouveau quotidien qu’il faut se créer, de nouvelles connaissances à épater, une nouvelle langue à apprendre. Et cette fois-ci, c’est le déménagement de trop, la narratrice est blasée, incomprise et à côté de ce quotidien routinier mais confortable.


Avec humour, elle distille les cafés des nouveaux arrivants, les lycées français, les journées qui se ressemblent et où le temps s’allonge. Elle est franche, ne se ménage pas et n’épargne personne. Elle détourne les mots et les proverbes et nous fait éclater de rire à chaque page. Elle observe avec un regard acéré ce quotidien privilégié et elle balance avec des mots féroces et drôles.


Quand la narratrice est appelée au chevet de sa mère en France, c’est un nouveau chapitre qui s’écrit dans ce journal intime. Les mots sont forts et sincères et toujours avec une touche d’humour. C’est l’enfance très loin de son quotidien actuel, les règles transmises par sa mère dont le fameux « quand on veut, on peut », les plaintes qu’on ne dit pas, qui ressurgissent et qui remettent sur le devant de la scène la petite fille que cache la narratrice dans son corps d’adulte.


De l’humour, de la sincérité pour décrire une femme qui ne sait plus où est sa place, qui se cherche en tant qu’épouse, mère et fille. Être près de sa mère, retourner dans ses souvenirs et surtout écrire, l’aide à poser ses émotions, à prendre du recul et surtout à en rire.


Un livre qui m’a autant ému que fait rire !


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Mon impulsivité me fatigue. Après l’excitation – la jouvencelle -, le doute, lui-même suivi de son cousin le rabat-joie, est arrivée paranoïa, sa tante par alliance. »


« On attend tous quelque chose. On croit que l’attente est une particularité de l’enfance, puis de l’adolescence mais non. On attend tout le temps. On est tous des personnages de Hopper. L’attente d’un texto, d’une réponse, de l’arrivée à destination, de la fin du voyage, des invités, que les enfants grandissent, du soleil, de la pluie, d’une grossesse, du premier pas, que ça fasse moins mal, que l’envie de fumer passe, que le désir revienne, que le feu passe au vert, la fin des travaux, la mort, de tomber amoureux, qu’il revienne, d’un geste, d’un rendez-vous, qu’il arrive. Attendre d’être seul, attendre un merci, attendre une lettre, attendre le bon moment, attendre des excuses, attendre de savoir, attendre que ça passe. »


« On ne sait que rarement ce que l’on représente pour les autres. Un modèle, un repoussoir, une motivation, une inspiration, une oreille, un faire-valoir, un gilet de sauvetage, un fantasme, une occupation, un cul, une bouche. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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