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"Pas la guerre" de Sandrine Roudeix aux éditions Le Passage



Un mot de trop, une parole qui blesse et un jeune couple s’affronte.


En trois actes, leur dispute monte crescendo. D’abord les pensées que chacun se ressasse de son côté puis les paroles qui fusent de leur bouche pour régler leur compte et savoir s’ils choisiront la fin de leur histoire ou le renouveau de leur amour.


Franck a élu son campement dans le salon. Il passe ses nerfs de son ordi aux manettes de sa console. Assia a choisi la chambre comme lieu de refuge. Abritée par les draps, témoins de leurs ébats passés, elle se tourne et retourne, tentant de calmer le flot de ses pensées.


Dans ce huis clos, les pensées de Franck et Assia rebondissent sur les murs de leur appartement. Ils ont chacun leur caractère, leur fierté, leur peur et leur blessure de l’enfance.


Franck a grandi dans une famille parisienne, stricte entre un père militaire et autoritaire, une mère effacée et un frère à qui tout réussit. Ne rentrant pas dans le moule familial, il a fui dès sa majorité et s’est construit tout seul. Il a enfin baissé les armes et laissé de la place dans son cœur pour sa rencontre avec Assia.


Assia a grandi en banlieue à Gennevilliers. Elle porte en elle sa double culture franco-marocaine. Elle s’affirme comme une femme libre et indépendante et en même temps, elle ploie sous le poids des traditions. Elle est comme coupée en deux, entre son besoin de plaire à sa famille et d’être elle-même. Sa peur de l’abandon est forte depuis le double abandon de son père.


Deux personnalités en feu se font face pendant ce duel. Mais comment transformer ce feu en amour et non en haine ?


Une dispute banale d’un couple qui vient d’emménager ensemble, qui se découvre et s’apprivoise et en parallèle leurs préjugés, leurs souffrances. Comment grandir, se libérer du poids de son passé ? Comment devenir soi ? Accepter l’autre comme il est. S’accepter soi.


Chaque chapitre alterne le point de vue de l’autre. Chacun écoute à travers la cloison, la tension dans le corps de son partenaire, la colère de l’autre dans ses pas, ses gestes et le bruissement des tissus tout en se souvenant de leur histoire familiale, leur rencontre, leur aménagement ensemble. Ils racontent ce qu’ils aiment tant chez l’être aimé ou au contraire les manies qu’ils détestent.


La dernière partie du livre marque la scène finale et le duel dans le salon où leur courroux explose, les mots fusent et les objets volent.


Avec une écriture rythmée, vive et parfois incisive, Sandrine Roudeix raconte les maux et les mots d’amour d’un couple qui se construit, se découvre et pose les fondations de leur amour. Un récit moderne qui nous plonge dans l’intimité d’un couple.


Un couple qui s’aime tout en apprenant à se connaître et à accepter de faire une place à l’autre dans sa vie.


Plusieurs sens sont en éveil dans ce roman. Il y a le toucher des pages qu’on tourne, happé par cette histoire. Et il y a surtout l’ouïe. Les sons ont une part importante. Chacun tend l’oreille pour écouter les bruits de l’autre et nous, lecteurs aussi, on entend ce parquet qui craque quand le pied d’Assia se pose, le pas lourd de Franck dans le salon, le froissement des draps et le bruit des doigts sur le clavier.


Cette histoire raconte une fureur de vivre et une fureur d’aimer. Deux être incandescents qui au contact de l’amour s’enflamme.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« En fait, il avait au départ eu l’impression de rencontrer une fille parfaite. Puis il avait découvert quel genre de fille réelle elle était et c’était bien aussi. Le genre qui ne joue pas la comédie. Qui s’enflamme qui pleure qui rit, qui s’interroge qui s’énerve qui se confie. Qui partage ses hauts comme ses bas. »


« Je ne m’excuserai pas d’être ce que je suis et d’avoir choisi une autre vie qu’elles, somnambules au point mort, qui survivent avec trois fois rien, bardées de dettes et de rêves avortés. »


« Ce n’est pas parce que je suis blanc comme un cachet d’aspirine, que tu as la peau brune et que nos enfances n’ont pas le même vert qu’on s’engueule. C’est juste parce qu’on a décidé de se mettre ensemble. Bouffés de trouilles et bardés de boucliers mais amoureux. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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