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"Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes", de Lionel Schriver aux éditions Belfond



Serenata a toujours pratiqué une activité physique. Depuis son plus jeune âge, elle s’est prise de passion pour le sport. Elle court, enchaîne les kilomètres à vélo, nage, monte et descend les escaliers le plus rapidement possible et ne compte pas les abdos et pompes réalisés. Mais à 60 ans, des problèmes de cartilage au genou, l’oblige à lever le pied et à ne plus pouvoir enfiler ses baskets. Et bien-sûr, c’est pile ce moment qu’à choisi son mari, Remington pour commencer la course à pied et viser le marathon ! Au départ, Serenata met cette nouvelle et soudaine passion sur le compte de l’ennui. Remington vient d’être mis à pied après trente ans de bons et loyaux services à cause d’une nouvelle responsable, un brin féministe, un peu « je veux tout gérer », beaucoup garce et surtout prête à bondir au moindre mot qu’elle interprète de travers. Serenata a beau rassurer son mari qu’il n’est en rien coupable, elle le sent fragilisé par cette situation.


Mais Remington est sérieux dans la préparation de ce marathon. Il part s’entraîner tous les jours, achète la tenue adéquate, s’équipe des meilleures baskets. Très vite, la maison se met aussi en mode « entraînement » avec les programmes alimentaires à respecter, les plannings, les horaires pour un sommeil réparateur et les accessoires qui prennent place : tapis de course dernière génération, poids, huiles pour les muscles, …


Le jour du marathon arrive, Serenata accompagne et soutient son mari à contrecœur en se disant qu’elle sera bientôt libérée de ces contraintes. Mais non, sitôt la ligne franchie, Remington a un nouveau défi en tête : le triathlon ! Et cette fois-ci, il s’entraînera en rejoignant un club géré par une très belle et tyrannique jeune femme dont Serenata devient jalouse.


Serenata est une femme de caractère, qui sait ce qu’elle veut, qui ne veut surtout pas rentrer dans le moule et qui aime la solitude et les activités loin de la foule. Elle a beaucoup de répartie et envoie de jolies piques à son mari !

La course à pied va leur donner à tous les deux une leçon d’humilité et leur remettre les pendules à l’heure.


Lionel Schriver a un très bon sens de l’humour et à travers une histoire de course à pied démontre l’absurdité de certains pans de notre société.


Elle raconte avec humour et clairvoyance, la peur de vieillir et le culte du corps qui se doit d’être beau, svelte et parfait ; la frénésie des achats pour lutter contre le temps et le besoin de s’occuper de soi avant des autres et de ses proches.


Elle dénonce l’absurdité de notre société où il faut rentrer dans des cases, pense comme ci, faire comme ça, si on veut être accepté. Une société à travers laquelle, on recherche l’acceptation des ses semblables et leur compagnie et où la solitude est mal vue.


C’est aussi l’histoire d’un couple qui s’aime depuis de nombreuses années et qui ne sait plus comment se dire « Je t’aime » et qui grâce à des baskets va se retrouver et accepter de vieillir ensemble.


Un roman très drôle et plaisant.


Que vous soyez team basket ou team canapé, ne passez pas à côté de ce roman drôle et percutant!


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Car la clé de la « bucket list » n’est pas de cocher les choses à faire, mais d’arriver à balancer la liste à la poubelle. »


« Accepter que leurs vies soient en grande partie derrière eux n’était pas nécessairement déprimant non plus. Cela permettait de réfléchir, de s’émerveiller, de chérir tout ce qui avait disparu auparavant.»


« (…) la culture de l’époque s’entêtait à appliquer des normes toujours plus élevées en matière de performance. Plus que jamais, le statut social était déterminé par le calcul de la masse graisseuse par rapport à la masse musculaire, la détermination et l’accumulation des prouesses d’endurance, si bien que les événements sportifs extrêmes de toute sortes ne cessaient de se multiplier. »


« Bientôt, on ne pourra même plus dire ce qu’on n’a plus le droit de dire. On sera persuadés que s’exprimer est extrêmement risqué et l’espèce deviendra muette. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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