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"Tempo", de Martin Dumont aux éditions Les Avrils

Il y a ces passions qui restent accrochées, pour lesquelles on se bat contre des murs bien trop hauts pour atteindre le sommet et en vivre. Ces passions pour lesquelles on vibre malgré les refus, les échecs, les rêves de gloire qui s’éloignent.


A 30 ans, Félix, musicien, espère toujours signer un contrat avec un label. En attendant, il cumule les petits contrats précaires : des soirées dans des bars où sa musique se perd dans le bruit des verres et du brouhaha de la salle. Il espère … et son acharnement ne lui permet pas toujours de subvenir aux besoins de sa famille.


Dix ans auparavant, il a frôlé la gloire. Avec son groupe de musique, ils ont arpenté les petites scènes avant de monter sur les plus grandes grâce à un premier album. Félix s’est imaginé retourner en studio, composé un deuxième album, repartir en tournée, et puis finalement …le groupe a disparu.


La temporalité change à chaque chapitre, les années de gloire s’alternent aux réalités du présent. Félix a connu les salles de concert pleines, les tournées, l’insouciance de la vingtaine. Il compose aujourd’hui avec ses responsabilités de père de famille, les galères de contrat et les factures à payer.


Félix raconte sa rencontre avec la musique en même temps que celle avec son meilleur ami, Louis ; la naissance de leur groupe au lycée, les premières scènes et le succès. Il montre l’importance de Louis dans sa vie et les conséquences de sa disparition.


Une mélodie qui conte une vie de passion, entre rêve et réalité. Il y a des accords et des désaccords, des moments où le tempo s’accélère et d’autres, où il se fait plus lent. Il y a des passages vibrants et des ballades plus nostalgiques.


Avec une écriture musicale et poétique, l’auteur parle de l’équilibre pas toujours simple entre passion, rêve et réalité. Ces rêves qui ne se réalisent pas toujours grâce à un travail acharné. D’autres conditions entrent quelquefois en compte comme la chance, la bonne rencontre ou le bon moment. Ces passions dévorantes qui ne deviennent plus sources de bonheur mais de conflit. Ces passions pratiquées dans l’acharnement et plus dans la joie. Apprendre à prendre de la distance et à regarder ce qui nous entoure, car le plus important, ce n’est pas le jour où l’on devient célèbre mais celui où on reprend son pinceau, sa guitare, son stylo, enfin ce qui passionne.


Des notes, des mots et des mélodies pour un magnifique roman.


Un coup de cœur.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Tempo lent, premiers accords. Le bar s’efface à mesure que la musique monte. On bouge encore un peu devant, peut-être qu’on se rassoit. Ça n’a plus d’importance. Je chante d’une voix claire, sans effets ni saturations. C’est un couplet qui traîne, se hisse des profondeurs. J’aime dire que c’est un blues, mais je n’en suis pas sûr. Ça raconte la fin d’une histoire. Pas forcément l’amour, l’amitié aussi. Le vécu en commun. Ce n’est pas triste, peut-être un peu mélancolique. Ça dit qu’on y croit plus mais ce n’est pas grave, qu’il reste quelques regrets et de beaux souvenirs. Surtout pas de remords. »


« On n’a pas tout perdu si un seul vous écoute. Si l’on provoque un début d’émotion. Même minuscule, même un rien éphémère. On n’a pas tout perdu si l’on fissure un mur. »


« Il n’y a que la guitare, une feuille et un stylo. Mes lèvres qui marmonnent. Je tâtonne, j’essaye, j’écris. Je rature et reviens. Sentir le riff, ajuster le tempo. Les notes me plaisent alors je les répète. Une pause, une minute suspendue. Déjà il faut trouver la suite. Garder le rythme, ne pas perdre le fil ou se laisser griser. L’équilibre est fragile. »


« C’est pour ça que je joue. Sur des scènes fatiguées, au fond des salles obscures. Dans les bars où personne n’écoute. Pour exister, pour avoir l’impression de vivre. Pour partager ce qui bouillonne en moi. La joie, la peur, l’amour, la peine. Tout ce qui me tord les tripes ou me rend follement heureux. Je joue pour qu’on se souvienne, pour couvrir les sirènes du néant. Pour oublier ne serait-ce qu’un instant l’absurdité de la fin et le vertige du vide. »


« Des rires et des promesses qu’on échange au creux de la nuit. Des mots qui disent la folie des grandeurs, l’espoir d’un destin sans pareil. Et même si l’on se ment. Même si l’on n’y croit plus et que c’est juste pour rire. Cette chanson est une parenthèse. Une dernière soirée à rêver en oubliant le reste. »


« Je pioche sans réfléchir dans la musique que j’aime, dans tout ce que j’ai encore à donner. Dans mes souvenirs, mes peines et mes espoirs. Dans ce qu’il me reste de rêves. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

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